Un message pour la sécurité des femmes
Plaidoyer d’une juge à l’occasion du 8 mars

Nicolas Saillant
Après avoir condamné un homme à une peine provinciale de deux ans de prison pour de la violence à répétition et des agressions sexuelles dans un contexte conjugal, la juge Marie-Claude Gilbert a lancé un message à l’accusé « en cette belle journée du droit des femmes ».
« Malheureusement, il y a encore beaucoup trop d’homicides et beaucoup trop de violence envers les femmes. C’est clair que le rapport entre les hommes et les femmes, en raison de la force physique, va toujours être inégal, mais le rapport devant la loi est égal et les femmes ont le droit de vivre dans une relation de couple aimante », a plaidé la juge Gilbert dans une décision vraisemblablement improvisée sur le banc, mais bien sentie.
La présidente du tribunal venait d’entendre le résumé des faits dans le dossier de Kevin Harding, un homme accusé de violence conjugale pendant trois ans sur son ex-conjointe. Dès le début de la relation, la victime avait été la cible de violence physique et verbale, elle qui était isolée du reste de ses proches en raison de plusieurs déménagements sur la Côte-Nord, en Mauricie et à Québec.
Alors qu’elle tentait de fuir leur domicile de Portneuf lors d’une dispute, l’accusé avait rattrapé la femme et l’avait violemment ramenée de force dans la maison. Au cours de cette soirée d’octobre 2021, elle avait finalement réussi à se réfugier dans les toilettes pour alerter les policiers qui sont venus arrêter Harding.
Agression sexuelle
Après avoir porté plainte pour les gestes de violence, la victime a toutefois raconté aux enquêteurs avoir eu plusieurs rapports sexuels non consentis avec Kevin Harding, notamment pendant qu’elle dormait. « Monsieur faisait ce qu’il avait à faire », a relaté la procureure Andréanne Tremblay.
L’homme de 28 ans a plaidé coupable à toutes les accusations qui pesaient contre lui. Celui qui a une nouvelle conjointe a admis avoir un problème de consommation de drogue et de dépendance affective. Il souhaitait ainsi faire une thérapie.
En le condamnant à une peine de deux ans moins un jour, la juge Gilbert a noté le début de prise de conscience de l’accusé, mais a souhaité que la détention l’aide à cheminer. « Ce n’est pas parce qu’on est en couple qu’on a tous les droits sur une personne », a dit la juge en guise de leçon.