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L'article provient de Le Journal de Montréal

Un matériau durable et résistant aux infiltrations d’eau, aux incendies, à la vermine et au gel: il est temps de considérer le béton de chanvre comme «un produit haut de gamme et extrêmement durable»

Courtoisie ArtCan
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Photo portrait de Félix  Desjardins

Félix Desjardins

2025-04-21T04:00:00Z
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Omniprésent avant la prohibition de 1938, le chanvre a retrouvé ses lettres de noblesse dans les dernières années, dans les industries textile, agroalimentaire, cosmétique... et, plus discrètement, dans celle de la construction. 

La chènevotte, la tige de cette plante, peut être utilisée pour fabriquer du béton de chanvre, communément appelé hempcrete.

Courtoisie ArtCan
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«L’avantage de la construction au chanvre, c’est la durabilité planétaire, explique Gabriel Gauthier, président et fondateur d’ArtCan, compagnie spécialisée en construction en chanvre. C’est un bon pont entre les traditions et l’innovation.»

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En mélangeant la chènevotte à de la terre cuite, de l’eau et un liant comme de la chaux, on obtient un matériau résistant aux infiltrations d’eau, à la vermine, aux incendies et au gel qui, de surcroît, capture du dioxyde de carbone.

«On ne peut pas décarboner la construction avec les mêmes matériaux et techniques qu’avant», estime Anthony Néron, fondateur de DuChanvre, entreprise de construction et de rénovation au béton de chanvre.

«Il n’y a pas de machine qui fait ça: 44% de la masse du chanvre vient de l’air et du stockage de carbone. Pour décarboner, ça prend des biomatériaux.»

Des freins 

Courtoisie ArtCan
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Plusieurs raisons expliquent la rareté des projets au béton de chanvre en sol québécois. Le besoin d’importer la chènevotte, qui est cultivée en Europe, aux États-Unis et dans l’Ouest canadien, en est une, quoique secondaire. «Sur un projet, ça fait une différence de 2000 à 3000$, maximum, précise M. Gauthier. C’est un frein, mais pas un enjeu majeur: ce n’est pas ça qui empêche de choisir le chanvre.»

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Pour offrir la garantie de construction résidentielle (GCR), les entrepreneurs généraux doivent équiper les murs de pare-vapeurs, cette membrane qui permet de réduire la diffusion de la vapeur d’eau. Voilà le problème: les biomatériaux ont besoin de «respirer», explique M. Néron.

«L’utilisation d’un pare-vapeur bloque l’utilisation du béton de chanvre, de la laine de chanvre et des biomatériaux. Pour construire en béton de chanvre, il faut une dérogation de la Régie du bâtiment du Québec, sauf si c’est le client qui le choisit, puisque les entrepreneurs ont les mains liées.

«Certains architectes refusent de mettre du béton de chanvre dans leurs plans, parce que ce n’est pas listé dans le Code du Bâtiment et ils devront en assumer la responsabilité. Il y en a qui acceptent, parce qu’ils savent qu’on a des preuves que ça fonctionne.»

Reconnaissance 

Anthony Néron a d’ailleurs participé à un laboratoire de recherche de l’Université de Sherbrooke pour déterminer si le béton de chanvre résistait à l’épreuve du temps. Les résultats étaient sans équivoque.

«On a fait des tests de vieillissement accéléré, précise-t-il. On peut faire vieillir un matériau de 50 ans en 40 jours avec des cycles de trempage dans de l’eau extrêmement salée. Le matériau a résisté, contrairement à beaucoup de comparables, qui se dégradent avec le temps.»

Courtoisie ArtCan
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Malgré les enjeux qui touchent l’industrie du béton de chanvre, les prix pour une construction neuve ne sont pas exorbitants pour autant. ArtCan construit des maisons sur mesure en béton de chanvre pour une somme oscillant entre 300$ et 600$ le pied carré habitable, offrant des tarifs plus avantageux aux constructions ayant une plus grande superficie.

«Le plus gros désavantage, c’est la valeur perçue. Les gens ne perçoivent pas comme le produit haut de gamme et extrêmement durable que c’est. Ça va coûter moins cher à long terme et il n’y a aucun danger.» 

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