Un mari faisait violer sa femme à son insu: la victime n’apparaît consciente «sur aucune vidéo»
AFP
La victime principale des viols de Mazan, Gisèle P., droguée par son mari puis abusée par des dizaines d’inconnus pendant 10 ans, n’est jamais apparue «consciente» sur les milliers d’images retrouvées des méfaits, a affirmé mercredi le commissaire chargé de cette enquête.
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«Sur aucune vidéo Mme P. n’apparaît consciente et ne manifeste un geste», a indiqué devant la cour criminelle de Vaucluse, à Avignon, le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse Platière, désormais directeur interdépartemental de la Police nationale des Hautes-Alpes.
«Je n’ai pas le souvenir d’un seul mot, parfois on entend des râles, des ronflements, mais aucun mot compréhensible» n’est audible, a insisté le policier, évoquant les quelque 4000 fichiers, photos et vidéos, méticuleusement répertoriés dans un disque dur par le mari, Dominique P., 71 ans, poursuivi avec 50 autres accusés pour viols aggravés.

Toute la matinée de mercredi, le commissaire a décrit à la barre le procédé utilisé par l’accusé principal, qui recrutait des inconnus sur un site libertin avant de poursuivre la conversation sur le logiciel Skype, pour enfin les inviter à son domicile conjugal afin d’abuser de son épouse, assommée de somnifères.
Plusieurs bribes de conversations ont également pu être retrouvées par les enquêteurs.
Dans plusieurs d’entre elles, Dominique P. parle ainsi de «viol» aux futurs agresseurs de son épouse. Comme dans cet échange où il lance à son interlocuteur, «tu es comme moi, tu aimes le mode viol». De même, il précise souvent qu’elle serait préalablement «endormie par des somnifères».
«On a retrouvé des conversations Skype où il était clairement question de l’endormissement», a précisé M. Bosse Platière. Et «sur les vidéos, elle a parfois des réactions de mouvements dans son sommeil, des réactions face aux gestes commis, [...] un phénomène d’asphyxie», a-t-il détaillé.
Autant d’explications qui mettent à mal la défense d’une grande partie des accusés, qui nient avoir été avertis que la victime n’était pas consentante et qui maintiennent que ces actes s’inscrivaient dans un «scénario de libertinage», pratique à laquelle s’adonnaient nombre d’entre eux.
«Dans les pratiques libertines, il est très important de recueillir le consentement de la femme. C’est une pratique très soucieuse du consentement explicite de la femme», a affirmé le commissaire.
«En réalité, il vous est rapporté des chuchotements [par les accusés]; il vous est rapporté des gestes très précautionneux pour ne pas la réveiller; de ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, viennent vous dire qu’ils n’auraient pas perçu qu’ils étaient en train de perpétrer un viol», a estimé Antoine Camus, avocat de la famille, lors d’une suspension d’audience.