Rues piétonnes: le maire Bruno Marchand encouragé à «contrarier» ses citoyens
Les commerçants de Namur ne reviendraient plus en arrière aujourd’hui


Stéphanie Martin
NAMUR | Les commerçants ont râlé quand la Ville de Namur a piétonnisé des rues il y a plus de 20 ans, mais, aujourd’hui, personne ne reviendrait en arrière, expose le bourgmestre, qui a dit au maire de Québec qu’il fallait parfois «contrarier» les citoyens pour le bien commun.
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Bruno Marchand a entamé la portion belge de son séjour en Europe dimanche.
Après une réception de bienvenue la veille, il a commencé la journée par un jogging et une discussion avec le bourgmestre Maxime Prévot, premier élu de Namur.
La capitale de la Wallonie a déjà réalisé un plan de piétonnisation dans le centre historique, il y a plus de 20 ans, a-t-il témoigné.
«À l’époque, 90 % des commerçants étaient contre. Aujourd’hui, il n’y a pas 1 % des commerçants qui voudraient faire marche arrière», relate-t-il.
Mais il croit que les politiciens doivent faire preuve de «courage» pour y arriver.

«On a besoin pour réussir la transition d’accepter de contrarier sa population», lance-t-il sans détour, conscient que cela peut paraître « audacieux » dans la bouche d’un politicien.
«Soit vous pensez à votre prochaine élection, soit vous pensez aux prochaines générations.» Et sa longue expérience lui a enseigné que cela pouvait avoir des bienfaits.
Maintenant que Namur s’engage dans une autre vague de piétonnisation visant à apaiser et à végétaliser tout le centre-ville, les mêmes craintes reviennent chez les nouveaux commerçants touchés.
Certains affichent même dans leur vitrine leur opposition à cette mesure. «Le changement fait toujours peur», convient le bourgmestre.

Dans tous les quartiers
Bruno Marchand est rassuré par ces constats. Il insiste sur la volonté de la Ville d’y aller par étapes.
Il veut cependant implanter l’idée partout sur le territoire.
«Il va falloir trouver dans chacun des quartiers de la ville des lieux apaisés. Les citoyens de Charlesbourg, de Beauport, de Saint-Émile, de Lac-Saint-Charles en veulent», donne-t-il en exemples.
Risques économiques
Pour lui, ne pas aller dans cette direction pose de grands risques économiques.
«Si on ne propose pas aux résidents une expérience dans leur quartier, un endroit paisible pour aller magasiner dans leurs commerces locaux, qu’est-ce qu’ils font ? Ils achètent ailleurs ou en ligne.»
«La Ville, si elle veut soutenir les commerçants, elle doit faire des changements.»
Le maire de Québec croit que, comme à Bordeaux et à Namur, les gens seront convaincus une fois qu’ils auront vécu l’expérience des rues piétonnes.
M. Marchand a en effet passé quelques jours à Bordeaux, avant Namur, où il s’est aussi beaucoup intéressé aux aménagements urbains piétons.
Une œuvre d’art en cadeau de Namur
NAMUR | La ville jumelle de Namur offrira en cadeau à Québec une œuvre d’art, qui sera installée à la bibliothèque Gabrielle-Roy. Intitulée Fleuves, il s’agit d’une sculpture qui intègre le numérique.
Elle représente le fleuve de chacune des villes, le Saint-Laurent et la Meuse. Elle sera inaugurée lors du passage d’une délégation belge en août prochain.
Pour le bourgmestre Maxime Prévot, c’est un don «important et symbolique», puisqu’il illustre les liens qui unissent les deux villes. La sculpture est la création de Gaétan et Gaël, de Superbe. La bibliothèque doit rouvrir cet automne. Elle deviendra un «lieu de rencontre», souhaite le maire Bruno Marchand.
À l’essai
Dimanche, celui-ci a assisté à l’inauguration d’une exposition à la place de la Francophonie. Il s’agit de poèmes illustrés en bandes dessinées, créés par des artistes québécoises et namuroises. Le temps d’un poème est un projet développé par Québec BD.

Les Namurois en ont profité pour faire découvrir à M. Marchand leurs traditions de chant et de joute en échasses. Le maire a voulu tenter l’expérience et est monté quelques minutes, aidé par un «échasseur».
Un jumelage qui a failli disparaître
NAMUR | Le jumelage de Québec et Namur va bientôt célébrer ses 25 ans, mais il a bien failli disparaître en 2012. À cette époque, le maire Régis Labeaume avait voulu faire le ménage dans les ententes de jumelage et avait décrété que seules celles de Bordeaux et Calgary devaient perdurer.
«Je me suis battu», raconte le bourgmestre de Namur, Maxime Prévot. Cela a été l’occasion de «redensifier» la relation, de la rendre plus concrète. Il a gagné son pari, puisque le jumelage a été renouvelé l’année suivante.
Prolifique
Le bourgmestre est catégorique: l’entente de jumelage avec Québec est fertile. Il mentionne le secteur académique et la culture, entre autres. Le maire de Québec renchérit: «C’est un gain pour les deux populations.» Et cela contribue au succès d’entreprises culturelles et économiques, qui bénéficient d’ouvertures vers un nouveau marché.
«Namur va rester dans nos grandes collaborations, tant que je serai maire.» «On aurait tort de penser que c’est des vacances à bon prix», ajoute M. Prévot, qui insiste sur le fait que les élus qui vont en mission à l’étranger ont des programmes très chargés qui leur permettent d’apprendre les meilleures pratiques. D’ailleurs, selon lui, le 21e siècle sera celui du pouvoir des villes et métropoles.


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