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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Pierre-Hugues Boisvenu: un long combat pour sa fille Julie

Vingt ans après son assassinat, le sénateur Boisvenu continue de se battre pour les victimes

Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu a parcouru un long chemin depuis l’assassinat de sa fille Julie par un récidiviste, il y a 20 ans.
Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu a parcouru un long chemin depuis l’assassinat de sa fille Julie par un récidiviste, il y a 20 ans. Photo Martin Alarie
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2022-06-19T04:00:00Z
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Près de 20 ans après l’assassinat de sa fille Julie, le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu constate tout le chemin qui a été parcouru pour aider les victimes et leurs proches. Et il ne compte pas s’arrêter maintenant malgré tout le travail accompli, confie-t-il. 

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« Julie est devenue ma bougie d’allumage. J’ai regardé en avant en me disant que ce n’était pas possible que les familles de victimes soient aussi oubliées dans le système de justice. Ç’a été ma révélation », affirme le sénateur en entrevue au Journal.

Ancien directeur à la conservation de la faune, M. Boisvenu a été frappé par un drame qui a changé sa vie le 23 juin 2002. 

Julie Boisvenu. Victime
Julie Boisvenu. Victime Photo courtoisie

Ce jour-là, sa fille de 27 ans était partie à Sherbrooke pour célébrer sa promotion comme gérante quand elle a été enlevée, violée et assassinée par Hugo Bernier, un récidiviste en probation. 

Le corps a été retrouvé une semaine plus tard dans un fossé.

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, près de quatre ans plus tard, son autre fille, Isabelle, est décédée dans un accident de voiture. Mais plutôt que de s’enfoncer dans le désespoir, M. Boisvenu a entamé son plus grand combat.

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Le Combat d’une vie

C’est qu’à l’époque, peu de ressources étaient allouées aux proches des victimes. 

II a reçu 600 $ d’indemnisation, tout en sentant que les familles des personnes assassinées n’étaient pas bien vues dans les salles de justice.

« Il fallait que le système demeure froid, on avait peur qu’elles apportent de l’émotion », se rappelle-t-il.

Et même si l’assassin de sa fille a écopé de la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant d’avoir purgé 25 ans, il a pris son bâton du pèlerin pour mettre davantage d’humanité dans la justice.

Fort de cette volonté, il a ainsi fondé l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues afin de militer pour les droits des victimes. Et au fil de ce travail, il a pu rencontrer Stephen Harper, alors chef de l’opposition conservatrice à Ottawa.

Il lui a alors demandé des mesures concrètes pour améliorer le sort des proches des victimes, tant dans le domaine financier que psychologique.

Quand les conservateurs ont été élus au pouvoir, il a été nommé au Sénat.

« J’ai alors commencé à travailler sur une douzaine de projets de loi et de réformes », explique-t-il

Droit des victimes

Ainsi, au fil des années, le sénateur a contribué à faire abolir la « clause de la dernière chance » qui permet à un meurtrier de demander une libération conditionnelle plus rapidement. 

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Son travail a aussi mené à des prestations offertes aux familles endeuillées à la suite d’un crime, entre autres.

Mais sa plus grande réalisation, dit-il avec fierté, c’est d’avoir mis en place la Charte canadienne des droits des victimes, qui fait en sorte que les victimes et leurs proches font maintenant partie inhérente du système de justice.

« C’est l’héritage que je voulais laisser aux victimes », affirme M. Boisvenu.

Ce n’est pas fini

À 73 ans, le sénateur n’a toutefois pas l’intention de tirer sa révérence. Du moins pas tout de suite, à en croire la conviction dans sa voix lorsqu’il parle du chemin qu’il reste à parcourir, notamment en violence conjugale.

« L’approche, c’était de cacher les femmes dans les centres d’accueil en se disant que ça cachait le problème, explique-t-il. Ça a beaucoup progressé depuis, mais il faut encore travailler. »

Il cite en exemple un projet de loi pour que les agresseurs soient obligés de suivre des thérapies, ou encore sa volonté que le port du bracelet électronique pour les accusés de violence conjugale se répande à travers tout le Canada.

« Il y a beaucoup à faire, mais les planètes sont bien alignées », conclut M. Boisvenu, en affirmant qu’il ne faisait que suivre une destinée qui lui a été imposée il y a 20 ans. 

Ce qu’il a dit  

« Changer le système, ça prend beaucoup d’énergie. Mais je n’avais pas le droit de manquer la mission que Julie m’avait donnée. »

« Entrer au Sénat, ça m’a donné l’opportunité de participer à un changement. »

« Un jour, je vais retourner vers Julie, ça va être elle, mon juge. Et je suis convaincu qu’elle va me dire qu’on a fait de belles choses ensemble, tous les deux. »​

– Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu

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