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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Un juge de la Cour municipale de Montréal se défend pour des propos racistes

Le magistrat Gaétan Plouffe fait face à deux enquêtes distinctes

Photo Martin Alarie / Journal de Montréal
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Photo portrait de Erika Aubin

Erika Aubin

2023-09-05T15:34:34Z
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Un juge de la Cour municipale de Montréal qui faisait face à deux enquêtes distinctes par le Conseil de la magistrature a reconnu que certains propos tenus dans sa salle de cour auraient pu être mal interprétés, mais il a nié avoir été sciemment raciste.

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«Je n’aurais pas dû dire: “vous êtes aussi blanc que moi.” [...] Je n’ai pas réfléchi. Je regrette. Ça peut être interprété de différentes façons», s’est confondu en excuses le juge Gaétan Plouffe ce matin devant le Conseil de la magistrature.

Le juge de la Cour municipale de Montréal nommé en 2012 faisait l’objet d’enquêtes pour des propos inappropriés à teneur raciale mettant en doute son impartialité dans deux affaires distinctes. 

Pour ce qu’il a dit à un accusé arabe qui invoquait une défense de profilage racial après une interpellation dans le métro, le comité d’enquête du Conseil a déjà tranché: il s’agit de propos malhabiles, mais qui ne sont pas la source d’un manquement déontologique.

Pour connaître ses mœurs 

Dans le second dossier, le juge Gaétan Plouffe aurait dit sans aucune preuve: «Vous savez, au Pakistan, c’est le pays au monde où il y a le plus de crimes envers les femmes» devant un accusé... d’origine indienne.

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Il devait alors déterminer s’il remettait en liberté l’homme accusé pour des menaces de mort avec un couteau envers sa conjointe. 

En demandant au prévenu d’origine punjabi s’il savait qu’au Canada il n’avait pas le droit d’exercer des violences contre sa femme, le juge cherchait simplement à «connaître ses mœurs et savoir s’il participait à cette culture patriarcale toxique qui cautionne la violence envers les femmes» dans certaines régions du monde, a-t-il assuré. 

«Est-ce que lui, si je le sors, il pense qu’il est en droit d’exercer des violences envers sa femme? C’était ça la question. [...] J’avais peur qu’il mette ses menaces à exécution, qu’il brise ses conditions», a expliqué le magistrat au comité. 

Lorsqu’elle a entendu ces propos pendant l’audience, la traductrice et interprète Aesha Naseem a été «surprise et choquée».

«Venant d’un juge, ce n’est pas approprié. Un juge est censé être impartial et neutre. Il ne devrait pas avoir de préjugés. Les juges doivent montrer l’exemple», a-t-elle témoigné.

Après l’audience, l’avocat de la défense, Me Vincent Petit, à l’origine de la plainte au Conseil de la magistrature, s’était d’ailleurs excusé à la traductrice pour les propos du magistrat.

Même s’il a été maladroit et inapproprié, le juge Plouffe a agi en toute bonne foi et sans malice, a plutôt fait valoir son avocat, Me Louis Belleau. «Il était sincèrement inquiet et préoccupé que s’il remettait [l’accusé] en liberté, il ait affaire à un crime d’honneur», a-t-il plaidé. 

Le comité d’enquête a pris en délibéré sa décision dans ce dossier.

Pas la première fois

Par le passé, le juge Gaétan Plouffe s’est déjà fait rappeler à l’ordre par la juge Myriam Lachance de la Cour supérieure pour avoir utilisé des stéréotypes envers les toxicomanes lors de la détermination de la peine d’un ancien consommateur de «cristal meth».

«Je le regarde et je suis pas sûr que ce monsieur-là consomme pas encore. [...] Vous avez de la misère à enligner deux phrases [sic]», avait alors dit le magistrat. 

Il a également reçu une réprimande du Conseil de la magistrature en 2020 pour avoir insulté un accusé lors d’une audience à propos d’une infraction au code de la sécurité routière.

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