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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Un joueur pire que Happy Gilmore au TPC Sawgrass

Retour sur une ronde historiquement mauvaise en 1986

AFP
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Photo portrait de Dave Lévesque

Dave Lévesque

2023-03-13T17:45:00Z
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Happy Gilmore n’était pas si pire dans ses débuts sur la PGA finalement quand on le compare à Angelo Spagnolo, l’un des pires golfeurs amateurs américains qui a déjà accepté le défi de jouer sur un des terrains les plus difficiles aux États-Unis : le TPC Sawgrass. Le résultat a été spectaculaire. 

• À lire aussi: Championnat des joueurs: le 17e trou est un endroit spectaculaire et électrisant

Comme c'était le Championnat des joueurs sur le célèbre terrain de Floride le week-end dernier, ça nous a inspirés à revisiter une des rondes les plus mémorables du mythique parcours.

En 1986, le magazine Golf Digest, ou plutôt le rédacteur Peter Andrews a une idée géniale. Il propose de trouver les pires joueurs de golf des États-Unis afin de les confronter au TPC Sawgrass.

«On s’est dit on le fait. Mais on voulait trouver les pires golfeurs qui sont des mordus, pas juste quelqu’un qui joue de temps en temps. On cherchait des joueurs qui disputaient au moins 25 rondes par année», relate Bob Carney au Golf Channel en 2011.

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Une catastrophe

C’est ainsi que quatre joueurs se retrouvent sur le terrain dans un cadre aussi formel que s’il s’agissait de professionnels.

«C’était une journée classique pour des joueurs aussi mauvais. En leur parlant avant le premier coup de départ, j’ai constaté qu’on avait affaire à des joueurs sérieux même s’ils n’étaient pas très bons», se souvient Deane Beman qui a été commissaire PGA de 1974 à 1994.

Parmi les quatre golfeurs, on retrouve Angelo Spagnolo, un gérant d’épicerie de 31 ans de la région de Pittsburgh.

Avec son élan tronqué et son jeu de pieds maladroit, chaque trou est une aventure pour lui. Après 16 trous, il totalise déjà 106 coups au-dessus de la normale du terrain.

Il faut dire que la ronde des quatre joueurs offre des chiffres hallucinants. Aucun d’entre eux n’est parvenu à boucler un trou dans la normale. Ils ont par ailleurs totalisé 124 coups de pénalité.

L’enfer

Ceux qui connaissent le TPC Sawgrass savent ce qui s’en vient. Le 17e trou. Il s’agit d’une normale trois où les joueurs font face à une presqu’île située à environ 135 verges du tertre.

C’est là que l’enfer commence réellement pour Angelo Spagnolo. Vingt-cinq plus tard, il relate son expérience au Golf Channel.

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«Quand je me suis présenté sur le tertre de départ et que j’ai regardé l’eau qui me séparait du trou, ça ressemblait à la Manche à mes yeux.»

Il s’élance une première fois. Sa balle franchit quelques verges et tombe à l’eau. Son deuxième coup aboutit sur la gauche, face au trou, mais toujours de l’autre côté de l’eau, près d’un caméraman japonais. La surface est graveleuse et contient des coquillages.»

Il continue d’envoyer sa balle dans l’eau. Son plus jeune fils le hue et l’organisation passe par son caddie pour lui suggérer de contourner le trou en jouant des petits coups pour se rendre au sentier qui mène à l’île, ce qu’il refuse.

Après plus d’une demi-heure d’acharnement, il se résout finalement à contourner le plan d’eau pour atteindre le pont qui mène au vert, non sans envoyer une balle frappée du sentier dans l’eau. Il aura ensuite besoin de trois coups pour caler sa balle dans la coupe.

Spagnolo termine le 17e trou avec un astronomique 66 et conclut sa ronde avec un total de 257. 

Répétition

Avance rapide à 2011. Le Golf Channel décide de contacter Spagnolo afin de lui proposer de tenter à nouveau sa chance sur le 17e trou.

«Je veux effacer 25 ans de frustration», dit Spagnolo avec un sourire en coin.

Son élan n’est pas meilleur, il a quelques livres en plus, mais il a toujours cet amour sincère du golf et une bonhommie qui l’honore.

En 1988, Spagnolo a touché le vert 17 fois, mais ses coups trop bas se terminaient pas un «plouc» dans l’eau. Il avait aussi mis 63 coups à atteindre le vert.

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En 2011, ses deux premiers coups aboutissent à l’eau et le troisième derrière le trou. De cet endroit, il aura finalement besoin de 30 coups de plus pour atteindre le vert et de trois roulés pour finir avec un total de 44.

Après 25 ans, il aura donc retranché 22 coups à son record historique.

Comparaison avec les pros

S’il tente à nouveau sa chance un jour, Spagnolo devra jouer le 17e trou avec trente coups en moins pour égaler les pires joueurs professionnels.

Robert Gomez, en 1990, et Bob Tway, en 2005, ont terminé le trou avec un score de 12.

Et si on regarde ce qui s’est passé cette année, le 17e n’a pas été aussi fossoyeur que de coutume. Selon les statistiques du Championnat des joueurs disputé le week-end dernier, cinq autres trous ont donné plus de mal aux joueurs.

On y a enregistré 45 bogueys et 29 doubles bogueys. Cinquante-huit balles se sont retrouvées à l’eau et les joueurs y ont affiché une moyenne de 3,13 pour cette normale 3.

Dans la colonne du positif, on y a dénoté 79 oiselets et trois trous d’un coup, soit autant que dans les Championnats des joueurs disputés à Sawgrass entre 2000 et 2016.

Angelo Spagnolo ne fait donc certainement pas partie de l’élite, mais il y a une chose qu’il a réussie sur ce parcours et que tous les autres professionnels ne pourront jamais égaler. En 1986, le commissaire Beman, dans un trait d’esprit, a rebaptisé le pont du 17e trou le Spagnolo’s Alley, un nom qui subsiste toujours. Il a donc laissé sa marque dans la légende de plus d’une façon.

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