Un infirmier coupable d’agression sexuelle sur une patiente vulnérable à l’hôpital Notre-Dame
Il a d’abord nié, mais, trahi par son ADN, il a tenté sans succès de faire passer la victime pour une «tentatrice»


Michael Nguyen
Un infirmier montréalais qui avait agressé sexuellement une patiente après lui avoir administré un calmant vient d’être déclaré coupable sur toute la ligne, même s’il a d’abord tout nié pour ensuite tenter de faire passer la victime pour une «tentatrice».
«Le tribunal ne croit pas l’accusé. Sa version des faits, surtout en ce qui concerne la question du consentement, est tout simplement invraisemblable», a lancé le juge Salvatore Mascia, ce mercredi, au palais de justice de Montréal.
Juste après, le magistrat scellait le sort d’Amrane Kacher en statuant qu’il avait bel et bien agressé sexuellement une patiente de l’hôpital Notre-Dame au printemps 2021.

À l’époque, l’accusé de 42 ans travaillait comme infirmier quand la victime [dont l’identité est protégée par la cour] s’était présentée pour une thérapie fermée en lien avec sa toxicomanie.
«J’avais un trouble de boisson que je voulais régler de tout mon cœur», avait expliqué la femme lors du procès.
Dose de Valium
Kacher n’était pas attitré à cette patiente, mais ça ne l’avait pas empêché de tenter de se rapprocher d’elle. Sauf qu’il s’y est pris en regardant les parties intimes de la femme ou encore en tentant de toucher ses seins.
Jusqu’à la nuit fatidique où Kacher est entré dans sa chambre et lui a administré une dose de Valium, un médicament qui peut servir de calmant ou encore de somnifère. Il a ensuite assouvi ses pulsions sur la femme, qui répétait «non, non, non» tout le long de l’agression sexuelle.
À la suite de l’événement, la femme ne voulait pas porter plainte. C’est qu’elle était là pour régler son problème d’alcool et craignait d’être «détestée» par le personnel hospitalier si elle dénonçait l’agresseur. Mais comme elle était coincée là, elle a finalement dit ce qui s’était passé.
Confronté par les policiers, Kacher avait d’abord tout nié.
«Il était persuadé que sa déposition mettrait fin à cette affaire, c’était après tout sa parole contre celle de la plaignante», a dit le juge.
Il change de version
Sauf qu’il ne s’attendait pas à ce que son ADN soit retrouvé sur la poitrine de la femme, si bien qu’il a ensuite tenté de se faire passer comme une victime qui aurait succombé aux avances de la patiente.
Ses avocates ont ensuite tenté de décrédibiliser la victime, analysant chacun de ses mots pour trouver la moindre petite incohérence qui aurait pu soulever un doute à l’avantage de leur client, mais le juge n’a pas été dupe.
«Les témoins ne sont pas parfaits et on ne peut pas attendre d’eux qu’ils racontent les événements comme un présentateur sportif décrivant un match de hockey», a imagé le magistrat.
Dans sa décision de plus de 50 pages, il a d’ailleurs rappelé que chaque victime pouvait réagir différemment à une agression, tout en déboulonnant les mythes et stéréotypes sur l’image d’une victime qui a besoin d’être «parfaite».
Kacher, qui continue de tout nier, reviendra à la cour la semaine prochaine, afin de fixer une date pour les plaidoiries sur sentence. Il a depuis été congédié de Notre-Dame, et il ne peut plus pratiquer sa profession.
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