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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Un joueur important de l’industrie du cinéma au bord du gouffre

Solution Highpoint pourrait très bientôt être liquidée en tout ou en partie

Solution Highpoint se spécialise dans la conception d’équipements de gréage et de levage pour les industries du cinéma et de l’événementiel. Ci-dessus, une structure spécialement créée pour le film X-Men: Dark Phoenix.
Solution Highpoint se spécialise dans la conception d’équipements de gréage et de levage pour les industries du cinéma et de l’événementiel. Ci-dessus, une structure spécialement créée pour le film X-Men: Dark Phoenix. Photo tirée du site internet de Highpoint
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Photo portrait de Martin Jolicoeur

Martin Jolicoeur

2022-08-25T04:00:00Z
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La montréalaise Solution Highpoint, un acteur important de l’industrie du cinéma et de l’événementiel au Québec, traverse en coulisse l’une des pires crises de son histoire, a appris Le Journal.

À la suite d’une requête de la Banque Nationale (BN), le tribunal a ordonné d’urgence la nomination d’un séquestre, lequel a pris depuis le contrôle de l’entreprise, viré son PDG, et mis en vente l’ensemble de ses actifs. 

C’est ainsi que l’entreprise, fondée en 2007 par l’entrepreneur Jean-François Dubé, pourrait être liquidée en tout ou en partie d’ici quelques semaines par Raymond Chabot, le cabinet retenu dans ce dossier pour agir à titre de séquestre. 

Situé dans l’arrondissement d’Anjou, à Montréal, Highpoint se spécialise dans la location et l’installation d’équipements de gréage pour les studios de cinéma et de télévision de la région de Montréal. 

Les équipes de films et de séries (X-Men, Transformers, Three Pines, etc.) produits par les Netflix, Sony et Amazon requièrent fréquemment ses services.

Plus récemment, elle a élargi son éventail d’offres en louant des scènes et infrastructures pour des événements d’envergure, comme le Grand Prix de F1, le Festival de jazz de Montréal, ou le Festival d’été de Québec. 

Dettes et comptabilité erronées

En mars 2021, Highpoint annonçait l’introduction dans son actionnariat du Fonds d’investissement de la culture et des communications (FICC) – un rare fonds de capital de risque dédié exclusivement aux industries culturelles –, ainsi qu’un financement de 4,35 millions $ de la BN.

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Cette injection, écrivait-on alors, devait lui permettre «d’acquérir de nouveaux équipements et offrir une plus vaste gamme de services aux productions locales et étrangères». À l’évidence, la suite ne s’est pas passée comme prévu. Dix-huit mois plus tard, l’entreprise serait aux prises avec un passif de quelque 15 M$, dont plus de 11 M$ de dettes envers la BN.

Inquiète, l’institution financière a fait valoir en Cour supérieure avoir en outre constaté des décaissements injustifiés – près de 900 000 $ – faits à son insu, entraînant une détérioration aussi majeure que rapide des liquidités de l’entreprise. 

Ainsi, au cours des trois premiers mois de 2022, le fonds de roulement de l’entreprise a fondu de 2,3 M$, explique le rapport du séquestre, consulté par Le Journal.

Ce dernier suggère sans détour, par ailleurs, la tenue par la direction d’«une comptabilité erronée», avec pour conséquence d’induire son prêteur en erreur en ce qui a trait à sa véritable performance financière. 

D’actionnaire à créancier

«Je trouve tout ça bien malheureux. [...] Parfois, il y a des choses que l’on apprend après coup», a réagi le directeur général du FICC, Robert Chartier, soutenant s’être retiré depuis peu de l’actionnariat. 

«Nous faisons maintenant partie des créanciers», indique-t-il, refusant de divulguer l’ampleur des pertes envisagées.

Jean-François Dubé, président démis de ses fonctions (avec son v.-p. finance, Claude Dubé), n’a pas, hier, donné suite à notre demande d’entrevue. Il en va de même des représentants de Raymond Chabot.

Les investisseurs intéressés par l’ensemble ou une part des actifs de Highpoint ont jusqu’au 12 septembre pour se manifester. Si tout se déroule comme prévu, l’ensemble de ces actifs – y compris les contrats – auront trouvé preneur d’ici octobre.

SOLUTION HIGHPOINT

  • Fondation en 2007
  • Fondateur : Jean-François Dubé
  • Chiffre d’affaires : 12 M$ en 2022
  • Au nombre des actifs : 19 M$ en équipement de location, 3 M$ en roulottes, remorques, et matériels roulants
  • Des entrepôts à Montréal, Laval et Québec
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