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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Un Game of Thrones en mode opéra

Pour sa rentrée, l’Opéra de Montréal rapatrie des Québécois abonnés aux prestigieuses scènes étrangères

Luc Robert et Marie-­Nicole Lemieux tiennent les premiers rôles dans l’histoire sanglante et brûlante d’Il Trovatore, opéra de Giuseppe Verdi.
Luc Robert et Marie-­Nicole Lemieux tiennent les premiers rôles dans l’histoire sanglante et brûlante d’Il Trovatore, opéra de Giuseppe Verdi. Photo Agence QMI, Mario Beauregard
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Photo portrait de Louis-Philippe  Messier

Louis-Philippe Messier

2022-09-10T04:00:00Z
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À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.


Si vous voulez entendre le pompier abitibien devenu vedette de l’opéra installée en Europe, Luc Robert, c’est le moment. L’Opéra de Montréal lui a confié le premier rôle dans Il Trovatore. Soyez avertis : cette œuvre n’est pas pour les cœurs sensibles. 

Truffé d’airs célèbres et omniprésents dans la publicité, cet opéra de Verdi s’avère aussi rocambolesque et féroce que l’œuvre de George R. R. Martin.

« C’est un opéra gore, complètement ! » s’exclame Marie-Nicole Lemieux. 

La contralto québécoise y joue le rôle de la gitane Azucena. Hantée par les images de sa mère en feu sur le bûcher à la suite d’une condamnation pour sorcellerie, elle mijote une vengeance abominable.

« C’est un personnage troublé et intense, ça ne se chante pas sans un grand effort physique », dit Mme Lemieux.

J’ai assisté à la répétition générale jeudi. À un certain moment, Azucena s’effondre sur scène.

Les sopranos Nicole Car et Kirsten Leblanc ne manquent jamais de raison de s’émouvoir au fil des rebondissements, duperies et traquenards qui sèment ce drame frénétique.
Les sopranos Nicole Car et Kirsten Leblanc ne manquent jamais de raison de s’émouvoir au fil des rebondissements, duperies et traquenards qui sèment ce drame frénétique. Photo Agence QMI, Mario Beauregard

Je frémis.

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Marie-Nicole Lemieux s’est-elle fait mal ? 

« Nooon, rassure-toi, c’est du jeu, c’est mon côté Jacques Rougeau ! » rigole la cantatrice, une ancienne athlète de compétition au handball.

Lorsque les gardes du comte de Luna s’emparent d’elle (pour la brûler vive comme sa mère), Azucena se débat. Cette empoignade a un certain cachet « lutte WWE ».

« Je viens de cracher haineusement au visage de quelqu’un dans cette scène, alors je ne vais pas me laisser mener docilement ! »

Chanteurs en feu

Est-ce la thématique du feu qui a inspiré à l’Opéra de Montréal de choisir pour le rôle-titre (trovatore signifie troubadour) le chanteur Luc Robert, surnommé le pompier ténor ?

Avant que sa carrière européenne le décide à déménager en Estonie, le chanteur originaire d’Abitibi a été pompier à Rouyn-Noranda pendant près de 20 ans, dont 10 à temps plein.

« Je m’ennuie d’être pompier », confie-t-il.

Le ténor international Luc Robert, un ancien pompier de Rouyn-Noranda, m’a accordé une entrevue devant une caserne.
Le ténor international Luc Robert, un ancien pompier de Rouyn-Noranda, m’a accordé une entrevue devant une caserne. Photo Louis-Philippe Messier

Le ténor internationalement réputé soupire en regardant à travers une fenêtre de la caserne montréalaise devant laquelle il m’a donné rendez-vous pour l’entrevue.

« Tu peux sortir le gars des pompiers, mais tu ne peux pas sortir le pompier du gars ! » s’exclame-t-il.

Comme pompier, il lui est arrivé de sortir des gens du brasier lorsqu’il était trop tard...

« Au moins, avec l’opéra, personne ne meurt, le seul risque est que je casse une note ! »

C’est la première fois en cinq ans que Luc Robert chante à l’Opéra de Montréal, la première fois en sept ans pour Marie-Nicole Lemieux.

« Je suis plus nerveuse de chanter ici qu’à la Scala de Milan, parce que c’est devant mes proches », dit Mme Lemieux. 

Quant au baryton montréalais Étienne Dupuis, exilé à Paris pour sa carrière, il joue le rôle du méchant dans cette distribution à prédominance québécoise. 

Ajoutez le metteur en scène Michel-Maxime Legault et le chef d’orchestre Jacques Lacombe, et là, on a l’impression que le seul étranger là-dedans, finalement, c’est Verdi ! 

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