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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Un fonctionnaire suspendu en raison de son rôle au PQ

Photo Martin Alarie
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Geneviève Lajoie | Bureau parlementaire

2023-03-20T04:00:00Z
2023-03-20T10:04:32Z
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Le gouvernement refuse qu’un de ses employés joue un rôle partisan pour le Parti Québécois et menace de le congédier. Paul St-Pierre Plamondon soupçonne une «intervention politique» et s’inquiète de la liberté d’expression des fonctionnaires.

Le ministère de l’Économie et de l’Énergie a suspendu sans solde, depuis le 23 février, son employé Stephan Fogaing, nommé porte-parole sectoriel du PQ pour la Diversité, la Métropole et les Transports en début d’année. Depuis, pour éviter toute apparence de conflit d’intérêts, le fonctionnaire n’a conservé que les dossiers touchant la Diversité et la Citoyenneté, qui n’ont pas de lien avec son emploi. Rappelons que le ministre de l'Économie et de l’Énergie est aussi responsable de la Métropole.

Conseiller en développement industriel pour le secteur aérospatial au ministère de Pierre Fitzgibbon, M. Fogaing avait pourtant obtenu un avis favorable de ses supérieurs avant d’accepter cette fonction bénévole. Il s’y consacre en dehors de ses heures de travail.

«Ça fait quasiment un mois que je subis un préjudice grave, j’en suis rendu à être suspendu sans solde avec menaces graves de congédiement si je ne consens pas à abdiquer mes droits fondamentaux, ma liberté d’expression et d’implication politique, [...] même si c’est quelque chose qui est prévu à la loi», s’indigne le fonctionnaire, qui était candidat du PQ dans Hochelaga-Maisonneuve aux dernières élections.

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Ni le ministère ni le cabinet du ministre Fitzgibbon ne lui ont fourni les arguments juridiques qui leur permettraient de mettre fin à son lien d’emploi avec la fonction publique. Un silence, une «omerta» qui fait craindre le pire au chef du PQ.

«Ça ressemble beaucoup à une intervention politique parce que ça cible la capacité du PQ dans ses instances de faire une place à des membres de la fonction publique, dans le respect des règles évidemment», souligne-t-il.

PSPP affirme que la CAQ n’a aucun problème à intervenir politiquement dans les sociétés d’État et dans le fonctionnement de plusieurs institutions québécoises. «Particulièrement Pierre Fitzgibbon, ce n’est pas quelqu’un de gêné à ce niveau-là», insiste le péquiste.

Droits des fonctionnaires

Le leader souverainiste s’inquiète des conséquences de cette posture du gouvernement vis-à-vis des droits des employés du secteur public. Il rappelle que la loi permet aux fonctionnaires d’être membres d’un parti politique, d’assister à une réunion politique, de verser une contribution à un parti politique ou d’être candidats à une élection. Après une défaite électorale, ils sont réintégrés dans leur emploi. Le PQ s’est d’ailleurs procuré une opinion juridique au sujet de la situation de Stephan Fogaing.

«Si on contraint au mutisme tous les fonctionnaires dorénavant, au gré soit de la volonté des hauts fonctionnaires ou de la volonté du bureau de M. Fitzgibbon, on a des problèmes plus importants, plus larges qui se posent au niveau de la démocratie.»

Personne ne souhaite que la politique ne soit réservée qu’aux avocats ou aux chefs d’entreprises, renchérit Stephan Fogaing, qui n’a pas l’intention de céder devant son employeur. Il estime que la cause est plus grande que sa «petite personne».

«Je veux faire valoir mon droit de pouvoir m’impliquer en politique, de bien le faire en respectant la loi et les règlements et pour moi, on devrait valoriser l’implication politique, surtout à une époque où on trouve qu’il n’y a pas assez de gens qui s’impliquent en politique, dit-il. Je n’ai pas l’intention de me coucher par rapport à ça.»

Au cabinet de Pierre Fitzgibbon, on précise que la suspension de Stephan Fogaing relève de «la gestion du ministère». Au moment d’écrire ces lignes, le MEIE n’avait pas donné suite aux questions de notre Bureau parlementaire.

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