Un festival qui n’est pas encore sorti du bois


Guy Fournier
Alors que tous parlent de «découvrabilité», un festival montréalais consacré aux séries de télévision a du mal à prendre son envol.
Du 28 août au 1er septembre dernier, c’était la première de «Montréal Séries», le seul festival en Amérique du Nord consacré aux séries de télévision. On en avait présenté une avant-première, l’été dernier. Des séries de 17 pays (mais une seule du Canada, Pitago Stop, une série humoristique autochtone) étaient en compétition à l’Espace Saint-Denis et à la Grande Bibliothèque.
Kaboul, une spectaculaire docufiction sur le retrait des troupes occidentales d’Afghanistan en 2021, a remporté le seul prix de la manifestation, celui du public. Montmartre, minisérie d’époque réalisée avec maestria par le Québécois Louis Choquette, clôturait la manifestation. Elle aurait bien mérité un prix, Choquette ayant ressuscité de façon impeccable et à bon compte (15 millions d’Euros) la grande époque de la butte Montmartre. On pourra voir sa série l’hiver prochain à TV5.
Hélas! Beaucoup trop d’absents...
J’ai assisté à l’ouverture et à la clôture de ce festival dont l’ambition est d’égaler un jour «Canneséries», le festival cannois de séries télévisées fondé en 2018. Canneséries draine en même temps que le MIPTV des milliers d’artistes et d’artisans de tous les pays du monde. C’est le maire de Cannes, David Lisnard, qui est à l’origine de ce festival destiné à promouvoir les séries télévisées. Lui et Canal+ continuent de le soutenir avec ferveur. (Ces jours-ci, Canal+ revendique d’ailleurs abusivement la «création originale» de l’extraordinaire série Empathiede Florence Rompré !)
Je n’ai pas aperçu la mairesse Valérie Plante à Montréal Séries. Je n’y ai pas rencontré non plus notre ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, ou son représentant, pas plus que Steven Guilbeault, ministre fédéral de la Culture et de l’Identité canadienne. Ces deux ministres s’égosillent pourtant à réclamer la «découvrabilité» de nos séries de télévision au Canada comme à l’étranger.
... Mais des spectateurs enthousiastes!
En fait, je n’ai rencontré à l’Espace Saint-Denis et à la Grande Bibliothèque que de rares artistes et artisans de notre télévision, et, ma foi! personne de la direction de l’un ou l’autre de nos réseaux de télé. Pourtant, tous supplient les gouvernements de favoriser la découvrabilité et l’exportation de nos séries à coup de subventions, de lois et de règles.
Malgré ces absences notoires, la grande salle de l’Espace Saint-Denis et l’amphithéâtre de la BAnQ étaient occupés aux deux tiers par des téléphiles enthousiastes. Étaient aussi suivies, bondées d'assistants, les classes de maître, celle de Jason Brennan et de Sonia Bonspille-Boileau, auteurs de la surprenante série autochtone Pitago Stop, celles de Rodeo FX, notre réputé studio d’effets visuels, et de Luc Dionne, l’increvable auteur de séries à succès.
Benoît Louvet, le directeur général de Canneséries, a aussi donné une classe de maître. Il a parlé de la façon de bâtir un festival international de séries de télévision. Brigitte Janson et Christophe Chevreuil, les cofondateurs de Montréal Séries, y assistaient tout yeux et tout oreilles, bien résolus l’un et l’autre à faire de leur festival l’émule de celui de Cannes.