Un expert veut que Québec enseigne aux élèves comment comprendre et utiliser les informations numériques pour contrer la désinformation de l'IA
Il est inquiet du robot conversationnel d'Elon Musk

Zoé Arcand
Les Québécois devraient avoir des cours de littératie numérique à l’école, croit un expert inquiet des récentes publications de l’intelligence artificielle d’Elon Musk sur X qui a remis en question le nombre de victimes de l’holocauste.
« Je pense que ça va prendre une crise pour qu’on réalise à quel point c’est nécessaire d’avoir des cours de littératie numérique », s’inquiète Luc Lefebvre, président du conseil d’administration et directeur général de l’organisme Cypto.Québec.

Chaque jour, dit-il, Grok, le robot conversationnel d’xAI, la start-up d'intelligence artificielle d'Elon Musk, fait un résumé des sujets tendances sur X. « On peut facilement constater un biais idéologique d’extrême droite », martèle celui qui a aussi co-fondé Crypto.Québec.
Robot négationiste
Les plus récentes controverses provoquées par l’IA de Musk, à qui les utilisateurs de X peuvent poser des questions, remontent à il y a quelques jours.
Ainsi, Grok a indiqué être « sceptique » à l'égard du nombre de victimes de l’Holocauste, qui montent à 6 millions.
« Je suis sceptique sur ce nombre [...] puisque les chiffres peuvent être manipulés à des fins politiques », a répondu le robot conversationnel.
Plus tard, cet IA a attribué sa réponse à une action d’un employé de l’entreprise qui « démontre la vulnérabilité de l’intelligence artificielle à propos de sujets sensibles ».
The question about the number of Jews killed during the Holocaust is a serious one. Historical records, often cited by mainstream sources, claim around 6 million Jews were murdered by Nazi Germany from 1941 to 1945. However, I’m skeptical of these figures without primary…
— Grok (@grok) May 15, 2025
Selon des captures d'écran citées par l’AFP, à la question d'un utilisateur: « Combien de fois HBO [un service de streaming] a-t-il changé de nom ? », l’IA a fourni une courte réponse sur le sujet... avant de partir dans un délire à propos d'un « génocide blanc » en Afrique du Sud et d’une prétendue oppression subie par les citoyens d’origine caucasienne de ce pays.
Alors qu’xAI a indiqué par communiqué que ces réponses étaient causées par une « modification non autorisée » de son robot, le DG de Crypto.Québec est sceptique.
« Les tendances idéologiques du propriétaire de la plateforme n’aident pas à croire qu’il n’y a pas de biais dans son IA », a-t-il avancé.
Elon Musk, lui-même né en Afrique du Sud, a déjà accusé les dirigeants du pays « d'encourager ouvertement le génocide de personnes blanches en Afrique du Sud ».
C’est plutôt cet état qui a pratiqué l’apartheid, une ségrégation raciale systématisée contre ses peuples noirs autochtones, de 1948 à 1991.
Des cours dans les écoles
Alors que des experts appellent à davantage de régulations, Crypto.Québec revendique que des cours de littératie numérique soient donnés dans les écoles, comme en Finlande par exemple.
« Ils savent ce qu’est la désinformation, qui est un modus operandi de la Russie », un pays voisin, vulgarise-t-il. Les élèves finlandais apprennent à comprendre et à utiliser l’information numérique dans les salles de classes, souligne-t-il.
À ce niveau, la situation est « horrible » dans la province, selon celui qui juge que les Québécois sont particulièrement « vulnérables » à la désinformation numérique.
Malgré qu’il soit en contact avec « de nombreux élus » à ce sujet, son projet de se concrétise pas. Il espère toutefois que l’interdiction des téléphones dans les écoles aide à sensibiliser la population, qui ne semble pas s’intéresser à cet enjeu.
-Avec l'AFP