Un ex-policier ripou témoigne au procès d’un délateur
L’ex-motard réclame désormais à l’État 5M$ et 1000$ par semaine à vie


Camille Payant
L’ex-policier ripou Benoît Roberge a livré un témoignage franc, mais peu éclairant au procès d’un motard devenu délateur qui réclame désormais plus de 5M$ à l’État.
L’ancien enquêteur a pris la barre des témoins mercredi après-midi au palais de justice de Montréal en tant que «citoyen canadien». C’est la première fois que Benoît Roberge est contraint de se présenter en public depuis sa sortie de prison en 2016.
Le policier déchu était présent à la demande de Sylvain Beaudry, un ex-membre des Bandidos qui a tourné sa veste il y a deux décennies, devenant ainsi témoin repenti. Son témoignage avait contribué à mettre fin à la sanglante guerre des motards, qui a fait rage au Québec entre 1994 et 2002.
Mais le délateur estime aujourd’hui que sa sécurité n’a pas été assurée adéquatement. Il réclame à la Ville et à la police de Montréal et au gouvernement près de 5M$ en plus de 1000$ par semaine à vie, comme la célèbre loterie.
Dans ce procès hors-norme, des mesures particulières de sécurité ont été prises et plusieurs ordonnances ont été rendues par la cour afin de limiter ce qui pourra être publié dans les médias.
Deux rencontres
Benoît Roberge a affirmé avoir rencontré Beaudry à seulement deux reprises en octobre 2001 dans un pénitencier du Nouveau-Brunswick. Il s’y était rendu à la demande de collègues du Service de police de la Ville de Montréal, comme il se trouvait par hasard dans la province pour un autre dossier.
Les enquêteurs de l’antigang avaient eu l’information que le motard souhaitait possiblement collaborer avec les autorités et le patron de l’escouade voulait s’assurer que le motard était sérieux avant d’y envoyer une équipe.
«Notre travail était d’évaluer ce qu’il pouvait faire pour aider cette enquête et d’autres; quel est le potentiel», a affirmé avec aplomb Benoît Roberge, signe de son expérience au tribunal.
L’ancien enquêteur s’est dit en «désaccord» avec l’affirmation de l’avocate de Sylvain Beaudry selon laquelle son client serait devenu témoin repenti contre son gré.
Et Roberge jure ne lui avoir jamais reparlé dans sa carrière, qui a pris une fin abrupte quelques années plus tard.
Policier ripou
Benoît Roberge a avoué en 2014 avoir vendu des informations sur des enquêtes policières au Hells Angels René «Balloune» Charlebois pour 125 000$. Celui qui avait cumulé pas moins de 28 ans de carrière au SPVM a été condamné à huit ans de pénitencier.
L’ancienne étoile du SPVM a mis en péril la vie de 200 informateurs de police, délateurs et témoins, en plus d’avoir commis la plus haute trahison possible dans le milieu du renseignement.
Benoît Roberge a depuis fait l’objet d’un livre du Bureau d’enquête, Le ripou des Hells, mais il a affirmé à la cour ne pas l’avoir lu.
Le témoignage de Sylvain Beaudry devrait débuter jeudi matin.
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