Un étudiant aux propos extrémistes admis en médecine

Un étudiant qui a tenu des propos odieux sur un forum en ligne fourmillant de commentaires misogynes, racistes, antisémites et homophobes vient d’être admis en médecine à l’université.

Ahmad Mousattat, un ancien étudiant du cégep Dawson, a fait son entrée cet automne à l’Université de Sherbrooke, selon deux sources consultées par notre Bureau d’enquête.

Son nom apparaît d’ailleurs sur le site de l’Université de Sherbrooke.

Selon des captures d’écran obtenues, M. Mousattat a agi comme modérateur pour un canal Discord, du nom de MED Serveur, destiné aux étudiants préparant leur admission en médecine au Québec. Ce forum a fait les manchettes le printemps dernier.

Le quotidien The Gazette, notamment, avait rapporté une abondance de propos scandaleux tenus sur le forum.

«Si ma chirurgie est menée par une femme, je change de chirurgien», disait un utilisateur.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Je ne comprends pas les femmes qui prennent la place des hommes en med [médecine], de toutes façons [sic] la majorité de ces femmes deviennent housewives [des femmes au foyer]», affirme un autre aspirant médecin.

Quant à Mousattat, il a publié une image de réfrigérateur rempli d’armes à la suite d’une publication où un symbole de la Fierté LGBTQ apparaissait. On pouvait le voir aussi partager ailleurs une image d’un homme portant une veste avec des explosifs et une autre image d’un homme armé.

Dans un autre message, il a utilisé le «mot en n» et, dans un autre, il a évoqué des politiques d’admission en médecine favorisant, selon lui, les gais, les Noirs, les juifs et les trans.

«Enquête approfondie»

L’Université de Sherbrooke dit avoir mené une «enquête approfondie» sur les propos tenus sur Discord.

«Sa conclusion n’est pas que les propos visés sont acceptables, au contraire: ils sont fermement dénoncés», a indiqué dans un courriel le professeur Éric Lavoie, vice-doyen aux études médicales postdoctorales.

Sans expliquer clairement pourquoi M. Mousattat avait été admis, le vice-doyen a ajouté que des mesures avaient été mises en place pour offrir un «accompagnement adapté et accessible» aux personnes qui s'estiment affectées par la situation, «incluant l’étudiant concerné». 

S'il devient médecin, il sera lié par un code de déontologie en vigueur au Québec selon lequel les médecins ne peuvent refuser des soins à un patient en raison de sa religion, de son origine ethnique, de son sexe ou encore de son orientation sexuelle.

L’Université a souligné que les valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion demeurent au cœur de son engagement.

Contacté lundi, Ahmad Mousattat n’avait pas donné suite au moment de publier. 

L’Association des médecins juifs du Québec s’est dite indignée par son admission.

«Il faut maintenant qu’ils [l’Université] assument la responsabilité d’une enquête manifestement mal menée ou erronée», a indiqué Lior Bibas, président de l’Association.

– Avec la collaboration de Sophie Durocher