Un été qui s'annonce tranquille pour les tournages américains à Montréal


Maxime Demers
Pour une deuxième année consécutive, les tournages américains seront moins nombreux à Montréal cet été. Les producteurs étrangers délaissent en effet de plus en plus la métropole québécoise au profit d’autres destinations où les incitatifs fiscaux sont plus compétitifs.
«C’est vrai que 2022 a été une année un peu plus faible et que 2023 s’annonce aussi de la même façon, avance Christine Maestracci, présidente et directrice générale du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ), en entrevue au Journal.
«Depuis 15 ans, on reçoit entre 20 et 30 tournages au Québec par année. Pour 2023, on est à la moitié de l’année avec environ une dizaine de productions confirmées, alors on pense qu’on va finir l’année dans le bas de la fourchette avec entre 18 et 20 tournages. On anticipe donc une année au ralenti avec moins de productions, à l’image de ce qu’on a vécu en 2022.»
Cette situation s’explique en grande partie par l’attrait des incitatifs financiers et fiscaux offerts ailleurs au pays (comme en Alberta) ainsi qu’à l’étranger (à Atlanta et en Europe de l’Est, notamment).
Depuis le début de la pandémie, certaines juridictions ont ajouté des mesures incitatives additionnelles et ont augmenté leurs crédits d’impôt pour attirer davantage de productions américaines.
Au Québec, les crédits d’impôt offerts aux tournages étrangers avoisinent les 20%. En Ontario et en Colombie-Britannique, ils se situent entre 21,5% et 28%, tandis qu’en Alberta, ils tournent autour de 30%.
- Écoutez l'entrevue de Christine Maestracci, présidente-directrice générale du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec au micro de Mario Dumont, disponible en balado sur QUB radio :
«Le Québec a des crédits d’impôt qui ne sont plus aussi compétitifs que d’autres juridictions, concède Christine Maestracci.
«Quand les décisions se prennent au niveau créatif, le Québec est vraiment très attirant parce qu’on a tous les atouts pour combler les besoins des productions étrangères. On est reconnus pour notre créativité, le savoir-faire de nos équipes techniques et la versatilité de nos paysages et de notre architecture.
«Mais après, quand les producteurs étrangers font des comparatifs de budgets, il peut arriver que sur papier, l’option du Québec ne soit plus compétitive. Il y a certainement des choses à regarder pour faire en sorte de pouvoir mieux attirer et accompagner les productions étrangères au Québec.»
L’impact de la grève
La grève des scénaristes, qui bat son plein depuis une dizaine de jours à Hollywood, n’aidera pas à dissiper les incertitudes qui planent sur l’avenir des tournages étrangers à Montréal.
À court terme, le conflit de travail ne devrait pas nuire aux tournages de films ou de séries télé dont les scénarios ont déjà été écrits (c’est le cas des prochaines productions attendues dans la métropole).
Mais à plus long terme, le BCTQ s’attend à ce que certains tournages soient retardés.
«On anticipe un report de certains projets, qui va correspondre environ à la durée de la grève», indique Christine Maestracci.
Si l’été s’annonce tranquille à Montréal pour les tournages étrangers, la situation pourrait changer considérablement à l’automne. Si tout se déroule comme prévu, au moins deux importantes productions hollywoodiennes pourraient s’installer dans la métropole vers la fin de l’été.
Parmi les tournages américains qui se déroulent présentement à Montréal, soulignons The Sticky, une série d’Amazon mettant en vedette Jamie Lee Curtis et inspirée du vol de sirop d’érable survenu au Québec en 2011, et Witchboard, un remake du film d’horreur du même titre sorti en 1986.
Selon le BCTQ, les tournages étrangers ont généré des dépenses directes de 526 millions de dollars au Québec en 2022. L’industrie québécoise de l’audiovisuel emploie plus de 55 000 travailleurs.