Un État palestinien mort-né


Loïc Tassé
Il faut une bonne dose de naïveté pour s’imaginer que la reconnaissance de l’État palestinien va changer quelque chose au processus israélien de conquête des terres palestiniennes.
La reconnaissance de l’État palestinien par le Canada et plusieurs autres pays est une excellente chose. Mais elle arrive beaucoup trop tard.
Cette reconnaissance aurait dû survenir en 1947, au moment de la fondation officielle de l’État d’Israël.
Or qu’en est-il aujourd’hui? Morcelée territorialement, déchirée idéologiquement, appauvrie sur tous les plans et détruite en bonne partie, la Palestine est difficilement viable.
L’attaque ignoble du Hamas en 2023 a servi de prétexte au gouvernement israélien pour détruire encore plus de territoires palestiniens. Cette destruction va bien au-delà des objectifs louables d’anéantissement du Hamas.
Avec la même logique bancale de conquête, la reconnaissance de l’État palestinien par le Canada, la France, le Royaume-Uni et quelques autres pays, sert aujourd’hui de prétexte à Israël pour couper en deux le territoire de Cisjordanie.
Tous les Israéliens ne sont pas d’accord avec la politique de conquête du gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Mais la majorité s’en réjouit.
Génocide
Le problème est que cette expansion se fait au prix d’un génocide. Un génocide qui non seulement touche la bande de Gaza, mais qui commence à déborder en Cisjordanie.
Un génocide dont les États-Unis sont complices.
Historiquement, les Palestiniens ont très mal joué leurs cartes. Faute d’espace, il est impossible d’énumérer ici toutes leurs erreurs.
Les Palestiniens sont encore soutenus par les musulmans du monde entier. C’est même une des seules causes qui les unit. Cependant, les Palestiniens excèdent de plus en plus les dirigeants des États musulmans.
C’est que soutenir les Palestiniens coûte cher. Le Hamas, qui avait étendu son entreprise religieuse totalitaire sur la bande de Gaza, effraie bien des gouvernements de la région. L’Autorité palestinienne, qui règne sur la Cisjordanie, est dirigée par un vieillard cacochyme.
Promoteur immobilier sans scrupule
L’administration de Donald Trump, avec une mentalité de promoteur immobilier sans scrupule, caresse le rêve de construire une enclave de luxe à la place des territoires palestiniens de Gaza.
Ceux qui veulent raser la bande de Gaza proposent aux Gazaouis 5000 dollars américains pour déguerpir. Aux 30% de la population qui posséderaient un titre de propriété valide, ils offrent la propriété d’un condo à construire, si tant est qu’ils puissent se payer les frais de condos.
Si les gouvernements de Nétanyahou et de Trump se maintiennent au pouvoir, ce n’est pas la naissance d’un État palestinien que nous verrons, mais celle d’un vaste apartheid israélien.
En effet, à moins d’expulser les Palestiniens hors du nouvel État israélien, ceux-ci formeront environ la moitié de la population. Impossible politiquement de leur octroyer les mêmes droits qu’aux autres.
Le Canada devrait-il conserver des liens importants avec un État d’apartheid qui a commis un génocide? Poser la question est y répondre.