Un effondrement monumental des Jaguars

Il y a à peine un mois et demi, les Jaguars pavanaient avec un dossier de huit victoires et trois défaites, au sommet de leur division. Une place en séries était presque dans la poche à moins d’un cataclysme. La saison vient de prendre fin avec cinq défaites en six matchs et voilà que cette équipe redéfinit le terme «chokeux».

Dans le sport, c’est connu, on parle d’une équipe qui «choke» pour expliquer qu’elle s’écroule sous la pression. Dans le cas des Jaguars, on parle tout simplement en bon français d’une débarque de proportion épique.

Avec leur fiche à 8-3 le 26 novembre, les différents modèles de probabilités estimaient leurs chances de se classer en séries quelque part entre 96 et 99%. Fallait bien les Jaguars pour arriver à déjouer des probabilités aussi fortes! 

À la fin novembre, personne ne parlait de séries à Jacksonville. On rêvait plutôt du premier rang dans la conférence et de l’avantage du terrain avec un congé en première ronde. Va pour le congé, mais il sera jusqu’en septembre prochain plutôt que pour une petite semaine.

Leur dernière bévue a été fatale, face aux Titans, qui bouclent leur saison avec un dossier de 6-11 et qui n’ont rien de dominant. Cette défaite de 28-20 a non seulement confirmé leur élimination de la course, mais aussi le titre de la division Sud de la conférence américaine aux surprenants Texans.

Elle a aussi permis aux Steelers et aux Bills de s’assurer de mettre la main sur des places en séries. 

Ironiquement, les Titans montraient un dossier de 7-3 il y a un an avant de s’effondrer et d’être sortis du portrait des séries par les Jaguars, à la semaine 18. Un an plus tard, les rôles sont inversés.

Dure fin de saison

Les Jaguars ont donc échappé cinq de leurs six derniers matchs de la saison. L’unique victoire a été enregistrée aux mains des tristes Panthers (2-15), la pire équipe de la ligue. Il y a de quoi se mettre un sac sur la tête pour les mois à venir.

Certains diront que Trevor Lawrence a joué les derniers matchs en dépit de différentes blessures, dont celui face aux Titans avec une blessure à l’épaule. C’est vrai, mais l’excuse ne tient pas la route. 

Les Texans ont été privés de leur quart-arrière CJ Stroud pendant deux matchs et ils seront des séries. Les Browns ont été contraints d’utiliser cinq quarts-arrière et ils seront des séries. Les Steelers ont jonglé entre trois quarts-arrière et ils seront des séries. Ainsi va la vie dans la NFL...

Décisions douteuses

Lawrence, qui semblait en voie de devenir l’un des grands quarts-arrière de la ligue après sa fin de campagne époustouflante la saison dernière, n’a pas été à la hauteur cette saison.

Dans un duel sans lendemain, il a été victime de deux interceptions. L’attaque a donc commis 12 revirements dans les cinq derniers matchs. 

Il n’est cependant pas l’unique coupable et l’entraîneur-chef Doug Pederson aura des comptes à rendre. La gestion des jeux sur la séquence finale des Jaguars a laissé à désirer et l’attaque n’a converti aucune de ses trois tentatives de quatrièmes essais. Une seule des trois présences dans la zone payante a résulté en un touché. C’est beaucoup de points laissés sur le terrain. 

Sur un quatrième essai critique avec un peu plus d’une verge à franchir pour atteindre la zone des buts, il est plutôt surprenant de voir Lawrence tenter une longue «faufilade» du quart. Ce jeu, sauf chez les Eagles qui le maîtrisent à la perfection, est majoritairement utilisé lorsqu’il ne reste que quelques centimètres à gagner.

Pederson a indiqué après le match que la décision est venue de Lawrence, qui aurait lui-même changé le jeu à la ligne de mêlée. Quoiqu’il en soit, le résultat a été pitoyable.

Chose certaine, les Jaguars ne pourront pas rester les bras croisés en se disant qu’ils misent sur un potentiel prodige en Lawrence. 

Il y a quelques semaines, on croyait les Jaguars fins seuls dans cette division. On oubliait qu’il ne se fait pas mieux qu’eux pour s’emmêler dans leurs propres bottines.

5 MOMENTS CLÉS

1. Au revoir, Bill?

Était-ce le dernier match de Bill Belichick aux commandes des Patriots, à Foxborough, dans la neige? L’entraîneur-chef a mentionné après le match qu’il discuterait avec le propriétaire Robert Kraft et qu’entre temps, il ne répondrait à aucune question concernant son avenir. Si c’est la fin, c’est d’une tristesse inouïe comme conclusion pour l’empereur, qui a vu les Jets mettre fin à une séquence de 15 victoires des Patriots contre eux. Belichick en est à sa 49e saison dans la NFL à différentes positions comme entraîneur et pour la toute première fois, il vit une saison de 13 défaites.

2. Pauvre Goodson...

Les Colts ont vu leur saison prendre fin de manière dramatique face aux Texans, dans un revers de 23-19. Ils progressaient vivement avec le ballon quand le quart-arrière Gardner Minshew a tenté de rejoindre le porteur de ballon Tyler Goodson sur un quatrième essai et une verge à franchir à la ligne de 15 des Texans. La passe, légèrement derrière Goodson, lui a filé entre les mains. Pour montrer l’étendue de son désarroi, Goodson a déclaré en pleurs après le match qu’il allait appeler ses parents. «Ils sont probablement les seuls au monde qui m’aiment en ce moment». Ouf... déchirant!

3. Un geste qui passe mal

Les Saints ont malmené les Falcons au compte de 48-17 pour les sortir de la course aux séries. Ils ne se sont certainement pas faits d’amis en fin de rencontre. Avec le match dans la poche à 41-17, ils se sont alignés en «formation de la victoire» dans le but de mettre le genou au sol pour écouler le temps. Sauf que dans le caucus, les joueurs ont dérogé aux ordres de l’entraîneur-chef Dennis Allen pour surprendre les Falcons avec une course de Jamaal Williams pour un touché. Allen s’est excusé après coup, mais les Falcons s’en souviendront en 2024...

4. Les adieux du roi Henry?

Un autre qui en était peut-être à ses derniers pas avec son équipe est le porteur de ballon des Titans, Derrick Henry. Il vient d’avoir 30 ans, son contrat vient à échéance et on ne sait pas ce que l’avenir lui réserve. Face aux Jaguars, le roi Henry s’est chargé de rappeler qu’il est encore capable, avec un match de 153 verges au sol et un touché, pour une moyenne de 8,1 verges par portée. Cette moyenne a notamment été aidée par une superbe course de 69 verges, sa plus longue cette saison. Il termine avec 1167 verges et 12 touchés.

5. Un retour salutaire

Avec leur attaque au neutre face aux Dolphins au début du quatrième quart et accusant un retard de 14-7, les Bills ont eu besoin d'un jeu héroïque pour revenir en force. C'est un retour de botté de dégagement de 96 verges de Deonte Harty qui a ramené l'équipe dans le coup. Il s'agit du plus long retour de dégagement dans l'histoire des Bills, qui ont par la suite inscrit un touché offensif et qui ont vu leur défense embouteiller la puissante attaque des Dolphins. Une interception du maraudeur Taylor Rapp a mis fin aux espoirs des Dolphins, sauvant une tertiaire grandement affectée par les blessures.

LES GAGNANTS DE LA SEMAINE

1. Les Texans

Quel retournement de situation incroyable en un an! Passer d’un dossier de 3-13-1 à 10-7 et se payer un championnat de division, c’est phénoménal. Ce n’est pas seulement dû au quart-arrière CJ Stroud, mais quand même... Quelle différence un quart de franchise peut faire!

2. Les Buccaneers

Ce n’était vraiment pas convaincant comme victoire face aux Panthers, mais ça a suffi pour confirmer un troisième titre de division de suite et du même coup, une place en séries. Mike Evans et Chris Godwin sont devenus le huitième duo de receveurs avec chacun plus de 1000 verges lors de trois saisons différentes.

3. Les Bills

Les Bills étaient dans le pétrin à 6-6 il y a quelques semaines et personne ne leur prédisait un quatrième titre de division de suite. Ils ont remporté un cinquième match de suite face aux Dolphins et héritent d'un match de séries à Buffalo contre les Steelers. On a encore eu droit au meilleur et au pire de Josh Allen.

4. Les Packers

Les Packers se retrouvent en séries avec un quart-arrière qui en est à sa première année comme partant en Jordan Love et dont l’alignement est le plus jeune de la ligue avec une moyenne de 25 ans par joueur. L’avenir est très prometteur. 

5. Les Cowboys

Les Cowboys remportent la division Est de la conférence nationale et recevront donc les Packers la semaine prochaine. Depuis 2004, cette division n’a pas couronné une même équipe deux années de suite.

LES PERDANTS DE LA SEMAINE

1. Les Eagles

Les Eagles ont très mal paru dans un revers face aux Giants, un cinquième dans leurs six derniers matchs. Le quart-arrière Jalen Hurts s’est blessé à un doigt et le receveur AJ Brown à un genou. L’équipe, qui semble brisée, devra se rendre à Tampa le weekend prochain.

2. Sam LaPorta

LaPorta a établi un record pour un ailier rapproché recrue avec 86 réceptions cette saison, mais au deuxième quart, dans un match sans signification pour les Lions, il a subi une blessure à un genou. C’est une rude nouvelle pour les Lions à l’aube d’un duel en séries face aux Rams.

3. Les Seahawks

Malgré la victoire in extremis face aux Cardinals et une fiche de 9-8, c’est trop peu trop tard pour les Seahawks, qui se cognent le nez à la porte des séries. C’est une conclusion très décevante pour cette équipe qui semblait en ascension.

4. Les Québécois

Il y avait trois Québécois cette saison dans la NFL et les trois devront se contenter d’observer les séries de leur sofa. Matthew Bergeron (Falcons), Sidy Sow (Patriots) et Benjamin St-Juste (Commanders) terminent tous sur une note difficile.

5. Les Dolphins

Les Dolphins ont échappé leurs deux derniers matchs et les voilà forcés de prendre la route de Kansas City pour un duel éliminatoire contre les Chiefs le weekend prochain. C'est loin d'être un scénario idéal avec un front défensif décimé par les blessures.