Meilleur accès aux médecins de famille: un échec programmé

J’ai l’impression que l’on veut venir à bout d’un cancer avec des aspirines ! Les quelques mesures proposées par le ministre Dubé ne sont pas mauvaises, mais elles ne généreront que marginalement de nouvelles plages de rendez-vous.
Pourtant, il y a au moins 800 000 personnes à la recherche d’un médecin et probablement jusqu’à 1,5 million selon M. Dubé lui-même. Entre-temps, la population continue d’augmenter et de vieillir. Tout comme les médecins d’ailleurs, dont 25 % ont 60 ans et plus. Le plan de redressement doit être costaud. Autrement, nous serons au même point dans cinq ans, voire pire !
Travailler davantage...
Les gouvernements précédents ont vidé la caisse au profit des médecins en croyant que ces derniers, en retour, videraient les listes d’attente. Seule la première partie de l’équation s’est matérialisée... Mais le gouvernement actuel, tout comme le précédent, est convaincu que les médecins peuvent et doivent travailler davantage. Le premier ministre menaçait de légiférer en ce sens dernièrement. Mais peut-on blâmer une femme médecin avec deux jeunes enfants de travailler trois jours/semaine, tout en générant 200 000 $ de revenus par année, le revenu moyen des médecins étant de 350 000 $ ? C’est un choix défendable. Inutile de presser davantage le citron, il est à sec.
Optimiser le travail des médecins
Le véritable enjeu est d’optimiser le temps de travail des médecins, d’améliorer leur efficacité, leur productivité. Pour ce, il faut les « dépouiller » de toutes les tâches qui peuvent être faites par d’autres professionnels de la santé. Un médecin affirmait récemment que 40 % des actes qu’il pose pourraient être délégués.
Un exemple banal : pourquoi une personne souffrant de maladie chronique doit-elle voir son médecin pour renouveler ses prescriptions ? Le pharmacien en est tout à fait capable.
Pourquoi un psychologue ne peut-il autoriser un arrêt de travail en cas de burnout et que ce soit accepté ? Dans un groupe de médecine familiale type, on compte en général 1,5 infirmière pour 10 médecins. Pourquoi ne pas augmenter le nombre d’infirmières pour que les médecins puissent se concentrer sur les cas qui nécessitent réellement leur expertise ?
Simultanément, il faut plancher sur d’autres solutions comme admettre plus rapidement les médecins en provenance de l’étranger, former davantage de médecins et d’infirmières spécialisées, etc. Pas facile de rendre un mammouth agile !

Guy Gagné, Gestionnaire en éducation retraité et ex-membre du conseil d’administration d’un centre hospitalier Mont-Saint-Hilaire