Un PDG discret outillé pour l’avenir


Valerie Lesage
En 34 ans à la tête du fabricant et distributeur de produits de quincaillerie spécialisée Richelieu, Richard Lord a fait passer le chiffre d’affaires de l’entreprise de 30 millions $ à 1,4 milliard $.
Avec 79 acquisitions au compteur, le chef a la trempe d’un conquérant, comme Alain Bouchard chez Couche-Tard – une inspiration pour cet homme d’affaires discret.
« Je dis souvent que je n’aimerais pas que certains de mes compétiteurs soient menés par des personnes aussi déterminées que moi ! » lance-t-il en riant, lors d’une rare entrevue.
Richelieu, chef de file nord-américain, produira bientôt des ventes de 2 milliards $ et après, il faudra viser 3 milliards $ – Richard Lord ne semble pas poser de limites à ses ambitions.
« Pour arriver à ça, il faut bien faire les choses. Ça passe par le marché canadien et américain et par-delà les océans si nécessaire. Quand le temps sera venu. »
Plus de 100 centres de distribution
Pour le moment, il voit encore beaucoup de possibilités de croissance à même le continent et l’homme applique à la lettre un grand principe en affaires : garder le cap. Il est précis dans les territoires géographiques qu’il aborde, tout comme il acquiert uniquement des concurrents ou des entreprises d’un secteur connexe.
Richelieu possède maintenant 106 centres de distribution au Canada et aux États-Unis et compte aussi sur son site web transactionnel pour desservir les détaillants et fabricants de meubles, d’armoires de cuisine et de garde-robes, où qu’ils soient en Amérique du Nord. Cent trente mille produits sont à leur disposition et toutes les succursales étant reliées par le même système informatique, on sait toujours où trouver la marchandise.
Comme Richelieu ne vend pas directement aux consommateurs, je n’ai jamais testé son service à la clientèle, dont Richard Lord parle comme d’une obsession. Il apparaît néanmoins clairement que c’est un pilier du succès de Richelieu.
« Le succès, c’est écouter, apprendre et contribuer au succès de nos clients, explique-t-il. On s’est donné comme discipline d’écouter les clients, de comprendre les besoins actuels et de leur faire connaître des nouveautés pour améliorer leurs activités. »
Être patient, c’est payant
Pensait-il en 1988 bâtir un tel empire ? C’était déjà son ambition, mais il était assez clairvoyant pour comprendre le jeu du temps, comme tous les conquérants.
« Je ne suis pas patient de nature, mais en affaires, je le suis et c’est important de l’être et d’attendre les bonnes opportunités. »
En 1993, Richelieu est entrée en Bourse, ce qui lui a permis de mener sa croissance sans s’endetter. Une récession à l’horizon n’ébranle pas la confiance de Richard Lord. Ne pas avoir de dettes rend l’entreprise solide, à la fois contre les creux de vagues et contre les concurrents.
« Et être en lien constant avec des investisseurs, qui posent toujours de bonnes questions, ça tient éveillé ! »
À 70 ans, l’homme d’affaires n’est pas dans l’état d’esprit de la retraite, même s’il lui faut penser à préparer la relève et continuellement s’entourer des meilleurs.
Père de trois enfants, grand-papa de cinq petits-enfants, il veut meubler leur esprit de belles expériences et cela se passe sur ses terres dans l’est du Québec ; cueillette de champignons, cabane à sucre, vélo, ski, raquettes. Une passion ne vient jamais seule chez un entrepreneur !
Pour l’avenir, Richard Lord formule quelques souhaits : qu’on s’occupe mieux de l’environnement et des gens âgés, mais aussi des régions, lui qui vient de Saint-Damase-de-L’Islet. Santé, éducation, transport ; il a tous ces enjeux à cœur.
Richelieu
Année de fondation
- 1968
Fondateur
- Georges Forest
Lieu du siège social
- Saint-Laurent
Secteur d’activité
- Quincaillerie et fabrication
Nombre d’employés
- 3000
Profil de Richard Lord
- Poste : PDG
- Âge : 70 ans
- Scolarité : Finances