Un deuxième mandat, mais pourquoi ?


Mario Dumont
François Legault a le programme le plus collé aux aspirations de la majorité des Québécois : prospérité et nationalisme. Et il a la meilleure équipe, de très loin compte tenu des difficultés de recrutement de ses adversaires.
Mais sa campagne fut ratée. L’équipe n’a jamais été mise à l’avant-scène, sauf lors de la conférence de presse loufoque lors de laquelle François Legault s’est mis à imaginer un Conseil des ministres sur la place publique.
Sa campagne fut aussi ratée parce qu’il n’a jamais réussi à parler aux Québécois des projets et ambitions qui le motivent à réclamer un second mandat. C’est grave. De gaffes en controverses, les journées de campagne se sont écoulées sans que François Legault ne puisse dire aux Québécois pourquoi il rêve de quatre autres années de pouvoir.
Exemple : la CAQ avait lancé juste avant la campagne une politique de l’eau : un fonds bleu pour prendre soin de nos lacs et rivières. Une façon habile de reprendre l’offensive sur le thème de l’environnement en plus de miser sur la fibre nationaliste : les Québécois vibrent devant la beauté de notre territoire. Jamais mis de l’avant en 36 jours de campagne. Inexplicable.
François Legault peut remercier le ciel que l’opposition soit aussi éclatée. Le seul parti dont le chef a vraiment fait mouche durant la campagne est Paul St-Pierre Plamondon. Le péquiste a causé la surprise par son approche franche et pertinente. Sauf qu’il partait avec moins de 10 %...
Opposition divisée
En somme, aucun parti d’opposition n’a vraiment représenté une menace.
Je croyais sincèrement que Gabriel Nadeau-Dubois ou Éric Duhaime allait voler le show. Ils sont de redoutables communicateurs. Tous deux ont mené des campagnes correctes, mais ont été menottés.
Gabriel Nadeau-Dubois a été menotté par le radicalisme de son programme. Malgré des efforts surhumains pour camoufler l’impact de sa « révolution » sur le portefeuille de la classe moyenne, un doute a été semé.
Chez les jeunes et en particulier les étudiants des milieux urbains, la campagne a néanmoins été un succès bœuf. Le gros test lundi sera de progresser. En pourcentage et en sièges, Québec solidaire doit faire un peu mieux que l’exploit de 2018. Sinon, c’est un recul décevant.
Éric Duhaime
Éric Duhaime a amorcé sa campagne de façon solide. La présence de bénévoles fut bien sentie autant dans l’affichage que dans l’ampleur des rassemblements. Les histoires de taxes impayées (qui ont fini par se dégonfler) ont sérieusement cassé son rythme. Il n’a jamais retrouvé le même élan.
Il n’a pas non plus provoqué dans les débats le feu d’artifice que ses supporters attendaient. Puis Éric Duhaime a frappé un mur : le fait de s’être associé aux choqués de la pandémie a fermé les esprits d’un bon nombre d’électeurs, même des plus à droite. Quoi qu’il en soit, pour le bien de la démocratie, il faudrait qu’il gagne des sièges.
Quant à la courageuse Dominique Anglade, elle a porté dignement le flambeau d’un parti désorganisé que la majorité ne semble plus écouter.