Un demandeur d’asile meurt en se noyant quelques mois après avoir risqué sa vie pour venir au Canada
Zico Kenderson Colina Escobar était arrivé au Canada il y a huit mois après avoir dangereusement traversé près d’une dizaine de pays


Olivier Faucher
Un demandeur d’asile fuyant le dictateur Nicolas Maduro au Vénézuéla a connu une fin tragique en se noyant à la plage de Verdun début juin, quelques mois seulement après avoir survécu à un parcours migratoire extrêmement dangereux pour arriver au pays.
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Zico Kenderson Colina Escobar, 20 ans, nageait avec son ami à la plage de Verdun le 7 juin dernier lorsqu’il a commencé «à se sentir malade», raconte son frère Brayhan Zerpa.
Rapidement, il a sombré dans l’eau, déclenchant une opération de recherche pour le retrouver.

Ce n’est qu’une semaine plus tard que son corps a été repêché après avoir été transporté par le courant du fleuve Saint-Laurent à des dizaines de kilomètres à l’est, dans le secteur de Verchères.
«Ce fut évidemment un choc émotionnel très difficile pour tout le monde», s’attriste Brayhan Zerpa, racontant que sa famille est restée sur la plage jusqu’à 3h du matin en espérant que pompiers et policiers en bateau retrouvent le jeune homme.
Dans les jours suivant le décès, Brayhan Zerpa est allé se recueillir sur la plage en inscrivant les initiales de son frère dans le sable accompagnées d’un cœur pour lui rendre hommage.

Une dizaine de pays
Originaires du Vénézuéla, les membres de la famille Escobar sont arrivés à Montréal de manière dispersée ces dernières années comme demandeurs d’asile pour fuir le gouvernement du dictateur Nicolas Maduro, auquel ils s’opposaient.
Zico Kenderson a franchi la frontière canado-américaine en autobus en octobre 2024, il y a seulement huit mois.
Il venait de terminer un parcours durant lequel il a traversé près d’une dizaine de pays depuis le Vénézuéla, en passant notamment à pied par la jungle du Darién, une zone extrêmement dangereuse où meurent de nombreux migrants.
«C’est vraiment difficile à accepter. [...] Il était plein d’objectifs, de rêves [...], c’était un garçon sans vices, en bonne santé, un bon élève, un diplômé du lycée, il attendait un endroit pour commencer à apprendre le français», se désole M. Zerpa.
Celui-ci le décrit aussi comme «un grand amateur de musique».
«Son rêve le plus cher était de devenir un grand chanteur. Il était prêt à travailler dans n’importe quel domaine, peu importe si c’était l’hiver ou l’été, qu’il fasse beau ou qu’il pleuve.»
Plage bondée, mais fermée
Le jour de la tragédie, la plage de Verdun était officiellement fermée et non surveillée jusqu’à l’ouverture de la saison estivale la semaine suivante.
Or, alors que le mercure frôlait les 26°C, l’endroit avait tout sauf l’air d’être fermé, souligne Brayan Zerpa.
«Mon frère ne savait pas que la plage de Verdun était fermée, car il y avait toujours beaucoup de monde qui profitait de la plage avant qu’elle ne soit officiellement ouverte», explique-t-il.
Afin de prévenir «d’autres morts» comme celle de Zico Kenderson, il demande que les baigneurs soient mieux avertis en cas de fermeture, quitte à demander aux policiers de surveiller les lieux pour obliger les gens à ne pas se baigner.
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