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L'article provient de Bureau d'enquête

Enfirouapée par son courtier immobilier, une préposée aux bénéficiaires de Montréal-Nord a été forcée de rembourser près de 60 000 $

Un juge varlope le courtier Harry Mansuy pour un prêt qui a mal tourné

Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI
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Photo portrait de Jean-François Cloutier

Jean-François Cloutier

2023-10-12T04:00:00Z
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Un courtier immobilier aurait « enfirouapé » une préposée aux bénéficiaire qui a dû rembourser près de 35 000 $ en frais et intérêts à un prêteur privé après avoir acheté une modeste maison à Montréal-Nord.

Marie-Yolène Derosin s’est fait ordonner en mai par un juge de verser près de 60 000 $ à une entreprise de prêt privé vers laquelle l’aurait dirigée son courtier, Harry Mansuy, selon un témoignage en cour. 

«Elle a été enfirouapée par un beau parleur qui lui dit n’importe quoi», a estimé le juge Daniel Bourgeois, de la Cour Supérieure, dans cette affaire.

Le prêt devait servir à financer la mise de fond pour l’achat d’une maison à Montréal-Nord en 2020, selon ce qui a été expliqué en cour par la présidente de l’entreprise, Sylvia Gagnon.

Le prêteur, une compagnie à numéro, n’a allongé que 25 000 $, mais en incluant des intérêts et des frais, la somme due s’élevait à près de 60 000 $ en 2023.

En cour, Mme Derosin est venue expliquer qu’elle n’avait jamais compris ce qu’elle signait quand elle a emprunté cette somme avec son coacheteur, Samuel Casimir.

Elle croyait plutôt devoir de l’argent à son courtier immobilier, Harry Mansuy, a-t-elle expliqué. Elle lui a d'ailleurs versé une somme de 28 000 $.

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« Je suis une victime dans ça. [...] Je suis vraiment déçue », a-t-elle affirmé.

Très grave

Le témoignage de Mme Derosin a fait bondir le juge Bourgeois, qui a mis en doute à plus d’une reprise le comportement du courtier Mansuy dans cette affaire.

Le juge s’est notamment interrogé sur le bien-fondé des paiements effectués par Mme Derosin à M. Mansuy.

« Je vous suggère de ne plus payer aucune somme à M. Mansuy », a-t-il dit.

« C’est à ce point grave, ce que Madame dit. [...] Si tant est qu’il y a des malversements, puis de la fraude alléguée, le SPVM doit faire enquête là-dedans pour éviter qu’[il y ait] d’autres victimes », a-t-il poursuivi.

Le courtier Harry Mansuy, qui était présent dans la salle, a tenté de son côté de s'expliquer, mais le juge a refusé de l'entendre car il n'était pas lui-même poursuivi dans le litige.

Harru Mansuy, courtier immobilier, impliqué dans une affaire financière qui a mal tourné avec Marie-Yolène Derosin.
Harru Mansuy, courtier immobilier, impliqué dans une affaire financière qui a mal tourné avec Marie-Yolène Derosin. Photo tirée de Centris

Dans une lettre déposée plus tard au dossier de la cour, il jette toutefois le blâme sur un notaire, Me Jean J. Brossard, impliqué dans la transaction.

« C'est le notaire Brossard qui a tiré les ficelles dans ce dossier du début à la fin et qui était au centre des discussions entre les parties, des signatures et des engagements pris », affirme-t-il.

Il fait aussi mention d’un supposé solde de prix de vente qui aurait été dû et assure que Mme Derosin lui devait bien de l’argent. Contacté par notre Bureau d'enquête, il a également dit que ce n'était pas lui qui avait dirigé sa cliente vers le prêteur privé.

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Mme Derosin a témoigné au juge que sur les 28 000 $ versés, elle avait donné 6000 $ en argent comptant et une autre partie sous forme de transferts bancaires, sans qu’il soit bien établi pour quelle raison ces sommes avaient été remises.

Ces paiements auraient été faits à la demande du courtier, selon la préposée aux bénéficiaires.

Histoire simple

Joint par notre Bureau d'enquête, le notaire Jean J. Brossard, aujourd’hui à la retraite, qui a fait la transaction, s'est défendu d'avoir mal agi.

« Elle est facile, l’histoire. Il a mis l’argent dans ses poches, M. Mansuy, au lieu de payer le prêt [au prêteur privé]. Elle s’est fait avoir [Mme Derosin] », a-t-il commenté. Il a nié l’existence d’un quelconque solde de prix de vente dans cette transaction.

  • Selon le registre des titulaires de permis de l’Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), Harry Mansuy a déjà deux décisions disciplinaires à son dossier.
  • En 2016, son permis a été suspendu pour 90 jours et il a été condamné à des amendes totalisant 8000 $. Les sanctions étaient liées à des chefs d'accusation pour engagements non respectés et incitation à une fausse déclaration, entre autres.
  • En 2019, son permis a été suspendu pour 30 jours et il s’est engagé à payer 10 000 $ à la tutrice d’une cliente. Il avait prêté de l’argent à cette cliente et s’était placé en situation de conflit d’intérêts.
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