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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Un courrier des lecteurs pas ordinaire

Photo fournie par Holly Andres
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-07-01T04:00:00Z
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Écrivaine américaine célèbre pour son expédition de randonnée adaptée en livre puis en film (Wild), Cheryl Strayed avait commencé à se faire connaître comme autrice avec une rubrique publiée dans le journal littéraire The Rumpus. Sous le pseudo de Dear Sugar, elle répondait au courrier des lecteurs avec une telle intensité que ses rubriques ont été adaptées en livre, en pièce de théâtre et en série sur Netflix. La traduction française est enfin disponible : Ces petits riens qui font tout.

Succès phénoménal dans le créneau du développement personnel, Dear Sugar accompagne les lecteurs comme un ami, à travers les hauts et les bas de la vie. 

Bienveillante, sensée, compréhensive, mais également audacieuse, crue et sans pitié, Cheryl Strayed est là pour célébrer l’arrivée au sommet, quand tout va bien et que le succès est au rendez-vous. 

Comme une partenaire de randonnée fiable et persévérante, elle est là aussi dans les creux, les passages à gué, les erreurs de parcours, les sorties de route, les moments de découragement.

C’est-à-dire quand tout va mal et que la vie apporte son lot de tourments : des drames, des épreuves, des deuils, des échecs, des tromperies, des écueils. 

Cheryl Strayed écrit sans filtre et dit ce qu’elle a à dire, sans détour, avec beaucoup d’humanité. Elle a le sentiment que les gens ont profondément besoin de réconfort. 

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« Je crois que nous avons tous besoin d’aide, tout le temps », commente-t-elle en entrevue. 

Photo fournie par les Éditions Michel Lafon
Photo fournie par les Éditions Michel Lafon

« Nous traversons tous des épreuves, à différents moments de la vie. Et ce que nous venons de vivre pendant la pandémie, collectivement, a exacerbé cela. Nous avons besoin de nous faire rappeler que nous sommes tous connectés. »

Cheryl Strayed aime particulièrement que l’art et la littérature aient le pouvoir de nous faire sentir mieux. 

« Même si nous avons le sentiment que nous sommes la seule personne à avoir le cœur brisé, à ne plus pouvoir avancer, à ne pas savoir quoi faire ou à nous sentir coincés dans une situation, c’est une erreur. Nous ne sommes pas les seuls à faire face à cela. »

« Les gens pensent de cette façon depuis longtemps et vont continuer de le faire. Mais en écrivant la rubrique Dear Sugar – je l’écris toujours – et en écrivant le livre, j’avais le sentiment d’avoir une mission, qu’il fallait harnacher quelques-unes des plus belles choses que la vie a à nous offrir. Il faut se souvenir qu’on n’est pas tout seul. »

Un fardeau ou un cadeau ?

Cheryl Strayed ne trouve pas toujours facilement les réponses aux problèmes qui lui sont adressés dans le courrier des lecteurs. 

« C’est intéressant de prendre sur ses épaules les fardeaux, les épreuves et les peines des autres, comme je le fais. »

« Parfois, j’ai l’impression de leur ajouter mon propre fardeau émotionnel. Bien sûr, il y a des moments où je lis les lettres et où mon cœur souffre pour eux. Mais en même temps, une des meilleures choses que j’ai faites dans ma vie, c’est d’écrire une rubrique. Parce que j’ai le sentiment d’offrir de l’aide. »

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Elle fait une comparaison. « Si vous arrivez sur la scène d’un accident, allez-vous vous sentir mieux si vous vous mettez à crier que vous ne savez pas quoi faire ? Ou si vous vous mettez à l’œuvre et proposez votre aide ? »

« Je pense que c’est ce que je fais. Je dis clairement que je ne peux pas solutionner les problèmes des gens. Mais je leur dis que je peux être là, avec eux, valider leurs souffrances, et essayer d’éliminer quelques-unes de leurs interrogations en offrant des conseils pour aider les gens à s’engager dans une nouvelle direction. »

  • Cheryl Strayed est une écrivaine américaine.
  • Elle a écrit le livre à succès Wild, adapté en film.
  • Elle habite à Portland dans l’Oregon.

EXTRAIT

« Tu n’as pas peur de l’amour. Tu as peur de tout le bordel que tu as dû te taper à chaque fois que tu as aimé. Et tu as fini par te convaincre que ne pas dire ces trois petits mots à une femme que tu penses aimer te protégera de tout ce bordel. Ce n’est pas le cas. Nous avons une obligation envers les gens auxquels nous tenons et qui nous laissent tenir à eux – que nous leur disions que nous les aimons ou pas. Notre principale obligation, c’est d’être honnête – d’être clair sur la nature de notre affection quand c’est nécessaire. »

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