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L'article provient de TVA Nouvelles

Un combat de titans contre les plantes envahissantes au Québec

Sur le boulevard La Morille, à Québec, des bâches installées depuis en 2022 pour lutter contre la phragmite ont été retirées dernièrement.
Sur le boulevard La Morille, à Québec, des bâches installées depuis en 2022 pour lutter contre la phragmite ont été retirées dernièrement. Diane Tremblay
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Photo portrait de Diane Tremblay

Diane Tremblay

2025-09-27T04:00:00Z
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Les plantes exotiques envahissantes continuent de gagner du terrain au Québec à tel point que toutes les régions sont maintenant aux prises avec ce problème qui menace l’équilibre des milieux naturels jusqu’à avoir des conséquences économiques graves pour certaines industries.

• À lire aussi: [BALADO] Envahissante et quasi indestructible, la renouée du Japon

La propagation de certaines espèces, qui se voulaient ornementales au départ, semble maintenant hors de contrôle. 

C’est le cas notamment du roseau commun (phragmite) ou de la redoutable renouée du Japon dont le nombre de signalements sur la plateforme Sentinelle a fait un bond de 65% depuis 2021.

D’autres espèces comme le nerprun sont une véritable menace pour l’avenir de l’acériculture en Estrie, ainsi que pour d’autres industries liées à la coupe de bois.

En Estrie, le nerprun bourdaine est une véritable nuisance pour la regénération du couvert forestier puisqu'il occupe toute la place au détriment de certaines espèces comme l'érable à sucre.
En Estrie, le nerprun bourdaine est une véritable nuisance pour la regénération du couvert forestier puisqu'il occupe toute la place au détriment de certaines espèces comme l'érable à sucre. (Photo fournie par l'Agence de mise en valeur de la forêt privée de l’Estrie)

«On retrouve des densités de nerprun tellement élevées en sous-bois que cela empêche la régénération naturelle. Nous devons recourir au reboisement pour maintenir la vocation forestière des sites», a expliqué Marie-Josée Martel, ingénieure forestière à l’Agence de mise en valeur de la forêt privée de l’Estrie.

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Différentes initiatives sont mises en place chaque année pour protéger la biodiversité. Le ministère des Transports et de la Mobilité durable procède à des interventions ponctuelles de pulvérisation d’herbicide aux abords de diverses routes pour contrôler la prolifération du roseau commun.

Récemment, on a retiré une bâche installée depuis 2022 sur une parcelle de terrain le long du boulevard La Morille à Québec pour essayer de venir à bout d’une colonie de phragmites exotiques.

Après quatre saisons estivales, la bâche a été retirée récemment sur le boulevard La Morille, dans le cadre d'un projet piloté par l’Organisme des bassins versants de la Capitale. On y a planté des nouveaux végétaux. Un suivi sera effectué l'année prochaine.
Après quatre saisons estivales, la bâche a été retirée récemment sur le boulevard La Morille, dans le cadre d'un projet piloté par l’Organisme des bassins versants de la Capitale. On y a planté des nouveaux végétaux. Un suivi sera effectué l'année prochaine. Diane Tremblay

«On a renaturalisé le site en y plantant 460 végétaux et mis des semences. En dessous de la bâche, tout était mort après quatre saisons estivales. Il faudra retourner voir l’été prochain, si le phragmite a envie de sortir ou pas» a indiqué Nancy Dionne, directrice générale de l’Organisme des bassins versants de la Capitale.

Bien que la lutte aux plantes exotiques envahissantes se soit «professionnalisée» ces dernières années, il reste du travail à faire pour sensibiliser les différents intervenants et le public en général, estime Raphaël Dubé, gestionnaire principal – Aménagement et restauration à la Fondation de la faune du Québec.

«C’est une lutte qui doit être prise par l’ensemble de la collectivité. Pour ça, il faut adopter de bonnes pratiques», a-t-il ajouté.

Un vice caché?

«Lorsqu’une colonie de renouée du Japon occupe l’ensemble d’une propriété, elle peut être plus difficile à vendre et ça peut coûter très cher pour s’en débarrasser», a dit M. Dubé.

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Dans le secteur immobilier, on navigue en zone grise.

«Personne n’a été informé de manière officielle que cela pouvait être une menace pour les terrains et au niveau de la valeur des propriétés. C’est un enjeu relativement nouveau qui n’a pas de cadre légal», a affirmé de son côté Nathalie Bégin, directrice, Pratique du courtage, à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec.

«C’est très nébuleux ce sujet-là. On est encore à l’étape où il y a des clients qui trouvent ça beau sur leur terrain», a-t-elle dit.

«Par contre, si un client a eu des problèmes avec ça et qu’il a engagé quelqu’un pour s’en débarrasser. À partir du moment où c’est un fait connu, le vendeur doit le divulguer», a affirmé Mme Bégin en terminant.

Selon le ministère des Transports, il est «irréaliste» d’avoir pour objectif d’éradiquer le roseau commun à l’échelle de la province puisque les colonies sont abondantes, comme ici sur l'autoroute 40 entre Québec et Trois-Rivières, et réparties sur une grande partie du territoire québécois. Toutefois, des mesures spécifiques peuvent être envisagées. Par exemple, jusqu'au 30 septembre, des interventions de pulvérisation d’herbicide aux abords de diverses routes seront réalisées dans la Capitale-Nationale, soit dans les régions de Portneuf, de la Jacques-Cartier et de Charlevoix afin de contrôler sa prolifération.
Selon le ministère des Transports, il est «irréaliste» d’avoir pour objectif d’éradiquer le roseau commun à l’échelle de la province puisque les colonies sont abondantes, comme ici sur l'autoroute 40 entre Québec et Trois-Rivières, et réparties sur une grande partie du territoire québécois. Toutefois, des mesures spécifiques peuvent être envisagées. Par exemple, jusqu'au 30 septembre, des interventions de pulvérisation d’herbicide aux abords de diverses routes seront réalisées dans la Capitale-Nationale, soit dans les régions de Portneuf, de la Jacques-Cartier et de Charlevoix afin de contrôler sa prolifération. Diane Tremblay

Parmi les 18 espèces floristiques qui sont jugées prioritaires en matière de lutte au Québec, on retrouve :

  • Berce du Caucase
  • Herbe à puce
  • Renouée du Japon
  • Roseau commun (phragmite)
  • Nerprun bourdaine
  • Nerprun cathartique
  • Herbe à poux
  • Châtaigne d’eau
  • Érable de Norvège
Nombre de signalements depuis 2019 au Québec sur la plateforme Sentinelle pour les espèces suivantes*:
  • 1399 pour le roseau commun (phragmite);
  • 3020 signalements pour la renouée du Japon et la renouée de Bohème (une espèce hybride très similaire;
  • 653 signalements de nerprun bourdaine

*Données non exhaustives

Sources : MELCCFP

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