Un club montréalais ayant gagné quatre fois la coupe Stanley renaît de ses cendres
On ne parle pas ici du Canadien...

Mylène Richard
Quatre coupes Stanley, une coupe Grey et la première médaille d’or olympique individuelle canadienne. Ce ne sont que quelques exploits réalisés par des membres d’un légendaire centre d’entraînement montréalais.
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Après quatre ans de reconstruction – durée d’un cycle olympique, comme l’a fait remarquer avec justesse la triple médaillée aux Jeux olympiques en patinage de vitesse sur courte piste Nathalie Lambert –, le MAA Club Sportif a rouvert ses portes au début du mois, « prêt pour un autre 100 ans ».
« On dit au monde qu’on est revenu, on est là, on existe. C’est un club flambant neuf, il y a juste la façade historique, les fenêtres et les vitraux qui ont été restaurés », raconte Mme Lambert, aujourd’hui directrice des programmes sportifs et des communications de l’un des plus vieux clubs sportifs en Amérique du Nord.

La reine
Cent quarante-deux ans d’existence, c’est remarquable et unique, et c’est la raison pour laquelle un peu d’histoire a été conservée, dont la porte d’entrée, qui date de 1905.
« Lord Stanley l’a ouverte, la reine Elizabeth II aussi, ou quelqu’un l’a fait pour elle ! s’est exclamé le président et directeur général du club, Pierre Blanchet, devant une centaine d’invités venus saluer la réouverture du gym. Selon mes calculs, cette porte a été franchie environ 15 millions de fois. »
« À part les banques, il n’y a pas beaucoup d’institutions montréalaises qui ont prospéré aussi longtemps, a-t-il ajouté fièrement. Le club a survécu à deux guerres et à deux pandémies. »
Ça tombait en ruine
C’est donc avec un clin d’œil aux champions qui ont été membres du club que l’immeuble de la rue Peel, au centre-ville, a été reconstruit. Le bâtiment tombait en ruine en 2018 : problèmes de plomberie, de tuyauterie, de ventilation, de structure. Les 80 actionnaires montréalais ont donc choisi d’investir des millions de dollars – ils souhaitent que le montant demeure secret – après avoir déjà sauvé le MAA de la faillite en 1998. Ils se sont associés au Groupe Devimco, qui construit une tour de condos au-dessus des locaux du luxueux centre d’entraînement.
Les 2500 à 3000 membres convoités retrouveront et découvriront un club avec sept studios pour s’adonner notamment au pilates, au yoga, à la boxe, à la danse, au cardiovélo, au PowerWatts et au cirque aérien, notamment, sans oublier une salle de conditionnement physique connectée, une piscine intérieure sur le toit, des terrains de squash, de pickleball et de basketball, en plus d’une plaque d’haltérophilie. Des bains de vapeur et à remous, un sauna, une clinique sportive et un restaurant complètent l’expérience.
« J’aurais aimé m’entraîner ici quand j’étais athlète, a avoué Mme Lambert. On était à l’aréna Maurice-Richard et à côté du centre Claude-Robillard, et on gelait ! »

Toujours compétitifs
Déjà, lors de la visite guidée, le champion olympique en courte piste Olivier Jean a sauté sur les vélos stationnaires. Marc Gagnon, cinq fois médaillé aux Jeux olympiques, dont trois fois où il a reçu l'or, l’a rapidement rejoint. L’esprit de compétition n’est jamais bien loin.
« J’aimerais bien venir faire du spinning ici », a indiqué Gagnon, qui s’entraîne afin de participer au demi-marathon de Montréal avec sa conjointe.
« Je n’aime pas trop ça ! a-t-il admis. Disons qu’après 15 km [sur 21], je sens tout le poids de mes 190 lb ! »

S’il y en a un qui s’est ennuyé pendant la fermeture du club, c’est bien Bruny Surin. Le champion olympique au relais 4 x 100 mètres à Atlanta en 1996 a manqué de motivation durant la pandémie. Et malgré son horaire du temps chargé – lui qui sera le chef de mission d’Équipe Canada aux Jeux de Paris l’été prochain –, Surin a hâte de renouer avec l’ambiance du MAA.
« Mon corps ne me permet plus de courir, alors je fais de l’elliptique. J’ai de l’intérêt pour la boxe, la piscine et la musculation, un peu moins pour le pilates. Peut-être un peu de yoga et je ne dirai pas non à la danse ! »

Inspiration et prestige
Parmi les autres athlètes olympiques présents à la réouverture, il y avait Marie-Andrée Lessard. L’ancienne joueuse de volleyball de plage est membre au MAA depuis 2000.
« Je me sens inspirée, mais je ne fais plus de vélo. C’est fini, la performance, je veux juste rester en forme », a soutenu la directrice des Jeux au Comité olympique canadien (COC).
Pour sa part, Sandra Sassine a profité des installations du club durant une partie de sa carrière d’escrimeuse.
« C’est un lieu prestigieux. L’histoire nous suit et on a le goût de prendre un moment pour soi, de se dire qu’on en vaut la peine », a commenté la gestionnaire du marketing des athlètes et de l’héritage des olympiens au COC.
Sa nouvelle collègue Émilie Fournel, gestionnaire de projets au COC, se souvient qu’elle aimait s’entraîner avec la communauté du MAA, un contraste avec sa routine en solitaire sur l’eau.
« Aujourd’hui, je serai plus intéressée par l’entraînement en circuit, a mentionné l’ancienne kayakiste. C’est rapide et efficace, surtout quand on a une fille de 5 ans, et on sent qu’on travaille fort. »

▶ D’autres personnalités, dont les animateurs Patrice L'Écuyer, Anne-Marie Withenshaw, Kim Sullivan et Jay Walker ont assisté à la réouverture du MAA, tout comme Dick Pound, un ancien nageur olympique, ex-membre du Comité international olympique et ex-président de l’Agence mondiale antidopage.
