«Un citron»: des actionnaires mécontents poursuivent Lion Électrique aux États-Unis
Ils accusent ses dirigeants et son partenaire américain d’avoir menti lors de l’entrée en Bourse de l’entreprise, en 2021


Sylvain Larocque
Des actionnaires mécontents de Lion Électrique ont déposé, à New York, une action collective dans laquelle ils font des allégations très graves à l’encontre de l’entreprise, qui est largement soutenue par les gouvernements.
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Lion et son partenaire américain, Northern Genesis Acquisition Corporation (NGA), ont utilisé des déclarations «trompeuses» pour camoufler les problèmes auxquels faisait face le constructeur québécois de véhicules électriques et ont «induit en erreur» les investisseurs quant à ses perspectives en présentant des «projections financières grossièrement irréalistes», accusent les actionnaires dans une poursuite déposée en mars.
Le PDG de Lion, Marc Bédard, et celui de NGA, l’Ontarien Ian Robertson, «savaient ou ne se sont pas souciés de savoir que Lion Électrique était un citron, mais ils ont omis de dévoiler ses problèmes», renchérissent-ils.

Lion a fait son entrée aux Bourses de New York et de Toronto le 7 mai 2021 dans le cadre d’une fusion avec NGA, une société d’acquisition à vocation spécifique (mieux connue sous l’acronyme anglais SPAC).
Incitatifs financiers
Les demandeurs détenaient des actions de NGA avant la conclusion de la transaction avec Lion. Ils allèguent que M. Robertson et les autres cofondateurs de NGA ont mis en place, pour eux-mêmes, de juteux «incitatifs» qui les ont motivés «à conclure une fusion, peu importe la qualité de l’entreprise cible».
«Même une mauvaise transaction allait être plus profitable pour les fondateurs de NGA que l’absence de transaction», écrivent-ils.
Pour justifier cette affirmation, les demandeurs soulignent que les six fondateurs de NGA ont payé à peine 25 000$ US pour des actions qui valaient 112 millions $ US au moment du regroupement avec Lion.
«Même à l’actuel cours déprimé de l’action de Lion Électrique [environ 1,30 $ US en mars], la valeur initiale de 25 000$ US des actions des fondateurs de NGA a été multipliée par 400», indiquent-ils.
Problèmes d’approvisionnement
Les demandeurs soutiennent que Lion connaissait déjà des problèmes d’approvisionnement lorsque ses dirigeants en ont parlé de façon «hypothétique» dans un prospectus publié en mars 2021. Lion a confirmé ces enjeux publiquement sept mois plus tard.
La poursuite qualifie enfin d’«excessivement irréalistes» les projections financières que Lion a communiquées aux investisseurs au printemps 2021. Celles-ci prévoyaient que Lion enregistrerait des ventes de 1,67 milliard $ US et un bénéfice d’exploitation ajusté de 295 millions $ en 2023.
L’an dernier, Lion a plutôt inscrit des revenus de 60,4 millions $ US et une perte d’exploitation de 62,6 millions $ US.
Le titre de Lion Électrique a perdu plus de 94 % de sa valeur depuis mai 2021.
Les demandeurs allèguent que Lion et NGA ont fait preuve de négligence et commis une escroquerie, en violation de la Loi américaine sur les valeurs mobilières.
Aucune de ces allégations n’a été prouvée en cour.
Ni Lion, ni NGA n’ont répondu à une demande de commentaires du Journal, mercredi.
Aides publiques à Lion Électrique
- Gouvernement du Québec: 106,3 M$
- Gouvernement du Canada: 50 M$
- Fonds de solidarité FTQ: 25 M$
- Caisse de dépôt et placement: 15 M$
- Fondaction: 7,5 M$
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