Un chirurgien esthétique de Montréal est radié cinq ans
Le Conseil de discipline veut dissuader ces comportements «très graves»

Roxane Trudel
MISE À JOUR: Le médecin dont il est question dans ce texte a été acquitté en appel au Tribunal des professions
Un chirurgien esthétique de Montréal, qui ne montre aucun remords et continue de clamer son innocence malgré la gravité de ses actions, a été radié pour une période de cinq ans pour des gestes de nature sexuelle sur une patiente.
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« Dans les circonstances de la présente affaire, le Conseil considère qu’il n’a aucune autre alternative que d’imposer au Dr Chagnon une période de radiation temporaire d’une durée significative », a indiqué le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec dans une décision rendue au début du mois.
Michel Chagnon, 62 ans, a été trouvé coupable devant le Conseil en juin dernier dernier d’avoir notamment exhibé ses parties génitales devant une patiente, en plus de s’être positionné de façon à lui faire sentir son érection tandis qu’elle devait se tenir pratiquement nue devant un miroir lors de rendez-vous en 2014 et 2015.
L’identité de cette patiente est protégée par une ordonnance de non-publication.
« Le Conseil est en présence à la fois de propos abusifs à caractère sexuel, de gestes abusifs à caractère sexuel et d’attouchements sexuels multiples », peut-on lire dans le document de cour.
Aucun remords ou empathie
Or, malgré un enregistrement pris à son insu par la patiente où il lui admet être désolé, c’est un homme « sans aucun véritable remords » et qui n’a manifesté « aucune empathie » qui s’est présenté devant le tribunal, souligne le Conseil.
Le sexagénaire aurait par ailleurs tenté de dépeindre la victime comme une personne « dérangée, manipulatrice et très sexuelle » lors de l’audience sur culpabilité.
Car selon la version qu’il a maintenue en cour et que le Conseil a jugée « peu crédible », la victime lui aurait sauté au cou pour l’embrasser.
« Le Dr Chagnon est uniquement concentré sur les effets que le présent dossier aura sur lui-même, ses proches et sa carrière. Par conséquent, pour les membres du Conseil, [il] ne démontre pas qu’il a pris la pleine mesure de la gravité de son comportement », poursuit la décision.
De plus, la vulnérabilité de la victime au moment des faits ainsi que le « crescendo » des attouchements sont « très graves » et font « ombrage » à la profession, estime le Conseil.
Planifié et prémédité
« Les propos abusifs à caractère sexuel ainsi que les gestes abusifs à caractère sexuel n’ont rien de fortuits et sont même planifiés et prémédités », note-t-on.
Ainsi, dans un but de dissuasion, les trois membres du Conseil ont décidé d’imposer une radiation temporaire de cinq ans, ainsi qu’une amende de 2500 $.
Durant les procédures, le chirurgien a indiqué qu’au-delà d’un ou deux ans de radiation, il mettrait fin définitivement à sa pratique, puisqu’il ne se voit plus rebâtir une clientèle après tout ce temps.
« Le Conseil réitère que l’inconduite sexuelle est un comportement que la société ne tolère plus », a-t-il martelé dans la décision écrite.