Un chauffard impatient coupable d’avoir tué un cycliste à une traverse de piétons


Valérie Gonthier
Un chauffard impatient qui a tué un cycliste en dépassant de façon agressive des voitures immobilisées à une traverse de piétons vient d’être reconnu coupable de conduite dangereuse causant la mort.
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Le 23 juillet 2020, Mohammad Ali Mahmoodi circulait à bord de sa Mercedes E400 sur le boulevard Jacques-Cartier Ouest, à Longueuil. Devant lui, plusieurs véhicules ralentissaient à l’approche d’une traverse pour piétons.
L’accusé avait alors brusquement accéléré, se frayant un chemin entre les deux voies.

«Il a accéléré vraiment beaucoup, le cul [du véhicule] était écrasé, il a roulé plein gaz vers la piste cyclable», avait raconté un témoin.
Mais au même moment, un cycliste traversait le boulevard. La Mercedes de l’accusé l’a alors happé de plein fouet. La victime avait été projetée très haut dans les airs, avant de s’effondrer au sol. La victime, René Tremblay, 52 ans, avait ensuite succombé à ses blessures.
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D’autres usagers de la route qui ont tout vu de la collision avaient décrit en cour la brusque manœuvre du conducteur fautif.
«Il a fait un dépassement, comme sur un coup de tête, pour tenter de sauver du temps. Je crois que c’était un mouvement d’impatience», avait décrit Simon Bouchard.
Un autre automobiliste, qui avait fait signe au cycliste de traverser après s’être immobilisé, avait pour sa part été alerté par le vrombissement de la Mercedes.
«J’ai entendu un moteur révolutionner, comme lorsqu’on accélère, j’ai regardé dans mon rétroviseur et j’ai vu une auto qui coupait entre les deux voies, qui s’en venait», avait témoigné Jean-François Beauchemin.
La défense avait tenté de prouver qu’il ne s’agissait que d’un accident «bête et malheureux», que la victime avait été l’artisan de son propre malheur, considérant qu’elle n’avait pas activé les clignotants de la traverse pour piétons et qu’il y avait présence de méthamphétamine dans son sang. Le taux de concentration était considéré comme thérapeutique.
Or, pour le juge Dominique Dudemaine, c’est l’accusé, par sa conduite, qui a créé le risque.
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«Manifestement, l’accusé allait trop vite pour réagir adéquatement au danger qui a été constaté par les autres conducteurs», a-t-il conclu.
Selon lui, un conducteur diligent aurait d’abord pris en considération la disposition des lieux, la signalisation et les limites de son champ de vision avant de faire une telle manœuvre, qui «contrastrait» avec le comportement des autres autour de lui.
Aussi accusé de négligence criminelle, l’accusé de 63 ans a été acquitté de ce chef.
Les observations sur la peine auront lieu cet automne.
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