Un château fort libéral tombe: Justin Trudeau la mine basse au lendemain d’une défaite significative
Dur lendemain de veille pour le premier ministre après la défaite libérale dans LaSalle–Émard–Verdun

Anne Caroline Desplanques
Les élus libéraux ont rasé les murs au parlement mardi, au lendemain d’une dure défaite dans la circonscription montréalaise de LaSalle-Émard-Verdun qui a pris l’allure d’un référendum sur le leadership de Justin Trudeau.
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Aucun libéral ne s’est présenté devant les journalistes avant d’entrer dans la Chambre des communes pour la traditionnelle période de questions. Le premier ministre lui-même n’a pas participé à la joute, consacrant plutôt son temps à la visite officielle de l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani.
En matinée, Justin Trudeau est arrivé la mine basse à la réunion hebdomadaire avec ses ministres.
Questionné à savoir si la défaite de son parti au profit du Bloc Québécois dans ce château fort libéral remettait en question son leadership, le premier ministre a répondu qu’il n’est «jamais le fun de passer si proche et de pas gagner une partielle».
Il s’agit d’une deuxième défaite clé pour le Parti libéral du Canada, qui a également perdu son château fort de Toronto–St. Paul’s en juin.
«On sait qu’on a énormément de travail à faire pour regagner la confiance des gens dans LaSalle et des gens à travers le pays qui sont préoccupés par la situation dans laquelle ils se trouvent», a déclaré M.Trudeau, sans dire s’il compte toujours mener ses troupes lors du prochain scrutin.
Frustration envers le chef
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui s’est adressée aux journalistes peu après son chef, a déclaré que «clairement, les gens veulent qu’on en fasse plus pour leurs priorités». Citant le coût de la vie, de l’épicerie et du loyer, elle a indiqué: «Il y a une frustration, il faut l’entendre, il faut y répondre.»
La frustration toutefois est surtout envers M.Trudeau lui-même, d’après Alexandra Mendès, députée de Brossard–Saint-Lambert, un autre château fort libéral de la région métropolitaine.
«Il y a une frustration vis-à-vis du premier ministre qui est très palpable, qui est très sentie par les citoyens», a-t-elle déclaré lors du caucus de son parti, à Nanaimo, en Colombie-Britannique.
Sauve qui peut
Et ce sentiment gagne les troupes libérales, tandis que de plus en plus de membres du personnel politique quittent le navire. Le directeur national de campagne du parti a annoncé début septembre qu’il quittera ses fonctions à la fin du mois, après 20 ans à œuvrer dans les coulisses. Cinq ministres ont également perdu leur chef de cabinet.
Les rangs libéraux ne sont pas à l’abri d’autres défections retentissantes. Pablo Rodriguez, ministre des Transports et député d’Honoré-Mercier, serait par exemple prêt à claquer la porte pour prétendre à la chefferie du Parti libéral du Québec.
Sans dire si elle remettait en question le leadership du chef, la ministre Joly a déclaré mardi que «des conversations difficiles» allaient avoir lieu.
Bientôt des élections?
Le retour des travaux à la Chambre des communes signifie que le gouvernement Trudeau pourrait tomber à tout moment. Les libéraux ont d’ailleurs permis aux conservateurs de présenter une motion pour les renverser dès la semaine prochaine.
Toutefois, dans la configuration actuelle du Parlement minoritaire, tous les partis d’opposition, soit le Bloc Québécois, le NPD et les conservateurs, doivent voter en faveur d’une telle motion de censure afin de retirer leur confiance au gouvernement Trudeau et ainsi le faire tomber, déclenchant des élections.
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