Un changement radical


Karine Gagnon
Habitués à l’ère Labeaume, où le maire laissait très peu de place pour son équipe en termes de visibilité, les gens de Québec verront des changements radicaux s’opérer très rapidement avec l’élection de Bruno Marchand.
L’arrivée à l’hôtel de ville du maire Marchand vient avec la promesse d’un changement de ton qui s’effectuera tant par la force des choses – en présence d’un conseil minoritaire – que par l’impulsion d’un chef qui ne veut pas d’un « one man show ».
D’entendre le nouveau maire décréter qu’il rencontrera les élus des autres partis avant de déterminer qui siégera à l’exécutif, et qu’il n’exclue pas d’y nommer certains d’entre eux, c’est du jamais vu en 14 ans.
M. Labeaume s’était certes allié des indépendants, en 2007, mais celui qui gérait la Ville un peu comme une entreprise n’a jamais été reconnu pour faire dans le compromis.
Bruno Marchand s’est refusé, tout au long de la campagne, à critiquer son prédécesseur et son style, qu’appréciaient beaucoup de gens à Québec et ailleurs. Il a préféré parler de ses propres idées et de sa vision, et les citoyens ont certainement noté cette marque de respect.
Les deux hommes se sont rencontrés par hasard hier, lors de l’entrevue de M. Marchand avec Le Journal. Ils se sont serré la main dans un court échange poli, où M. Labeaume a exprimé ses félicitations à M. Marchand.
« C’est ma place ici », a lancé M. Labeaume en parlant du Café Buade, où il rencontrait le directeur général qui a transmis à son tour ses félicitations au nouveau maire devant nos yeux.
As du ralliement
Pour Bruno Marchand, qui est issu du milieu communautaire, l’idée de rallier des gens et des groupes qui arrivent chacun avec un agenda est un terrain connu.
Il entend mettre de l’eau dans son vin au bénéfice des citoyens et admet qu’il ne peut se péter les bretelles au terme de cette victoire serrée qu’il accueille avec humilité.
« La politique, je crois qu’elle est efficace quand elle quitte le je et s’en va vers le nous », lance celui qui s’est révélé comme un orateur et un communicateur efficace.
Maintenant, il faudra voir comment se comporteront les élus d’Équipe Savard, qui se retrouvent sans chef et qui devront penser à un nouveau nom de parti.
Y aura-t-il des alliances et comment ce souhait de collaboration du maire parviendra-t-il à s’imposer ? La nouvelle dynamique s’annonce des plus intéressantes.
Tramway sur les rails
L’une des excellentes nouvelles de cette élection, c’est que parmi les 21 élus qui siégeront au conseil, en plus du maire, 17 sont en faveur du tramway.
C’en est donc terminé de la remise en question improductive du projet sous prétexte que « les gens n’ont pas voté pour ça ».
Cela signifie que le projet pourra enfin entrer dans une étape de réalisation, d’amélioration et de planification à court, moyen et long terme, pour les phases subséquentes.
Entendre le nouveau maire dire qu’il n’est pas question de jeter le bébé avec l’eau du bain, qu’il faut avoir de l’ambition pour Québec et s’atteler à mieux communiquer le tramway sonne comme de la musique aux oreilles après autant de remises en question d’un projet si extraordinaire. Enfin, Québec va pouvoir continuer d’avancer et bâtir l’avenir.