Un cambriolage armé tourne mal
Un voleur et un trafiquant ont été tués lors d’un réveillon de Noël à Montréal


Michael Nguyen
Un violent braquage par arme à feu chez un narcotrafiquant de l’arrondissement de Saint-Léonard s’est soldé par la mort de la cible, mais aussi d’un des assaillants tué par un « tir ami », a-t-il été révélé jeudi, au palais de justice de Montréal.
« C’était un plan à haut risque, mais aussi à haut rendement », a expliqué le procureur de la Couronne Matthew Ferguson à l’ouverture du procès de Fodil Lakehal.
L’homme de 24 ans est accusé de l’homicide involontaire du trafiquant Davis Arbour, 38 ans, mais aussi de celui de son beau-frère de 41 ans, Marc Hilary Dasilma, et de vol qualifié pour un hold-up qui a mal tourné lors du réveillon de Noël 2018.
Ce jour-là, un groupe de personnes, dont Lakehal, aurait décidé de se remplir les poches en allant voler un narcotrafiquant, a expliqué Me Ferguson dans son exposé d’ouverture jeudi.
« La stratégie était simple : envoyer une fille frapper à la porte, inciter l’occupant à ouvrir la porte, entrer de force dans le domicile, employer la menace de lésions corporelles graves et de prendre le butin », a-t-il expliqué.
La bande avait « au moins une arme à feu », a ajouté le procureur.

Le plan échoue
Ainsi, selon la preuve que compte présenter la Couronne, le groupe s’est présenté dans l’immeuble à logements d’Arbour. La femme a cogné à la porte et les individus ont ainsi pu entrer dans le bâtiment.
« Tu sais pourquoi on est là », aurait dit un des braqueurs.
Sauf que le plan ne s’est pas passé comme prévu. Arbour aurait résisté, causant ainsi une altercation. Et lors de celle-ci, quelqu’un aurait fait feu avec l’arme.
« Il y a eu cinq coups, a expliqué Me Ferguson. Trois balles ont touché [le trafiquant], une balle touche l’un des auteurs du hold-up. Les deux hommes meurent. »
De toute évidence, Dasilma aurait été atteint par un « tir ami ».
La conjointe du trafiquant s’était cachée dans une armoire. Elle a appelé le 911 au moment où le premier coup de feu était tiré.
Et lorsque les policiers sont arrivés, ils auraient trouvé 19 000 $ en argent comptant et divers stupéfiants, dont de la cocaïne et des métamphétamines.

Pas un polar
Toujours selon la preuve de la Couronne, Lakehal a rapidement quitté la scène, mais il a finalement été arrêté. Des perquisitions ont entre autres permis d’arrêter l’accusé.
Il subit son procès en liberté, a-t-il été précisé au jury.
Mais si Lakehal est accusé d’homicide involontaire, le rôle des jurés ne sera pas de déterminer qui du groupe a fait feu, a précisé la Couronne.
« Cette affaire n’est pas un “qui l’a fait” ou un polar, a-t-il dit. À la fin du procès, nous ne vous demanderons pas de conclure que [Lakehal] est l’auteur de la fusillade, ni de déterminer son rôle exact. »
Des blessures prévisibles ?
Le jury devra plutôt déterminer s’il faisait partie du projet de braquer Arbour « et si des lésions corporelles étaient objectivement prévisibles dans les circonstances ».
Le juge Daniel Royer leur donnera d’ailleurs ses instructions à la fin du procès, qui devrait inclure le témoignage de la fille qui a accompagné le groupe et de la conjointe du trafiquant.
Me Ferguson est assisté par Me Simon Lapierre, tandis que Lakehal est défendu par Me Richard Tawil et Me Benoit Cliche.