Fini les petites assiettes qui coûtent trop cher, un restaurateur a lancé un buffet de 25 sortes de fromages à volonté... pour 45$!
Les convives se partagent pas moins d’une cinquantaine de kilos de fromage


Louis-Philippe Messier
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Un boulanger montréalais qui en avait ras le bol des minuscules plateaux de fromages à des prix exorbitants dans les restaurants contre-attaque en proposant la formule opposée lors de soirées gargantuesques: des buffets à volonté de 25 sortes de fromages, de charcuteries, d’huîtres... le tout parachevé par une soirée de danse afin de dépenser l’énergie emmagasinée.
Muni d’un bracelet comme aux glissades d’eau, je tourne autour de la table qui soutient 50 kilos de fromage.

Je mange un peu de brie de Meaux, de Moliterno à la truffe, de Vacherin Fribourgeois, de Munster Fischer, d’Appenzeller, de Comté (24 mois), de Saint-André et de Saint-Nectaire, du Curé Quertier de l’Isle, du Cendré de Charlevoix, du Chevronné, du Charbonnier, de la Bête-à-Séguin, de la Beurasse, du Bleu d’Élizabeth, du Migneron de Charlevoix et de l’Angélique-à-Marc.
À la vérité, avant même de toucher aux fromages, je me suis laissé tenter par du saucisson, du prosciutto italien, des rillettes de canard et j’en passe!

Manger à ce point, c’est quasiment du sport... surtout que l’écailleur ambulant Valentin Bessonnet (qui a la compagnie Ostrea) me sert une bonne douzaine d’huîtres en plus du reste.

Heureusement que, depuis la veille, je jeûne.
«Le secret, c’est d’éviter la grosse première assiette et de revenir quelques fois», recommande Thomas Diot, dont c’est le deuxième buffet fromager.

Fini la pingrerie!
«J’en avais assez de ces assiettes pingres avec de petits morceaux de fromage qu’on vend aux gens 35$ dans les restaurants», me raconte Paul Meyer, le gourmand derrière l’idée de ce banquet.

Sans être pâtissier lui-même, M. Meyer est le propriétaire de l’espace gourmand Les 3 Patapoufs, à Hochelaga.
«Je ne fais pas les pâtisseries: je les mange», précise l’homme de 47 ans, qui rêve d’organiser des buffets fromagers titanesques de 400 ou 500 participants.
«Le fromage en trop des buffets est intégré dans nos produits », ajoute-t-il.
En demandant 45$ par personne, 55$ pour ceux qui veulent aussi deux verres de vin, il rentre dans son investissement.
Les 3 Patapoufs organisent les buffets de fromage dans le bar Les enfants du rock, sur l’avenue Mont-Royal... et, jusqu’à maintenant, l’événement affiche complet avec 145 participants.

Buffet tournant
Il y avait donc foule, mais, comme la table est vaste et située au centre, il n’y avait pas de file d’attente.
«Je me suis régalée de fromages de chèvre, c’est très convivial et je vais rester à danser», me confie Jessica Orsi.

Car la soirée se termine par une nuit de danse jusqu’à 3h. Après ces milliers de calories satisfaisantes, ma mission me semble accomplie, et je repars content, d’un pas lourd.
Le prochain buffet fromager aura lieu le 7 juin.
«Cette fois, nous servirons seulement ou presque des fromages québécois», promet M. Meyer.