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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Un bon départ pour le PQ

PHOTO ANNABELLE BLAIS
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Philippe Lorange, étudiant à la maîtrise en sociologie – UQÀM

2022-09-02T13:51:05Z
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Pâtissant d’une cote à la traîne dans les sondages, le Parti Québécois ne vit pas présentement les meilleures heures de son histoire. Son chef, Paul St-Pierre Plamondon, demeure un inconnu pour beaucoup. Les analystes multiplient les textes pour comprendre cette situation. L’idée d’indépendance serait-elle caduque pour un grand nombre de Québécois? Serions-nous passés à autre chose? Avons-nous honte de nos défaites passées en regardant le PQ?

Il n’est pas impossible que le parti joue sa dernière élection et que ses membres, aussi enthousiastes soient-ils, se trouvent dans l’impossibilité de renverser une tendance lourde. Cependant, nous savons que la politique est le haut lieu de l’imprévisible. Rien n’est jamais gagné ou perdu d’avance. En ces premiers jours de campagne, nous voyons par ailleurs que le Parti Québécois est en mesure de reprendre du poil de la bête.

Jeunes et environnement

Dès le départ, Paul St-Pierre Plamondon a axé son propos sur le déclin du français et la volonté collective des Québécois à s’assumer pleinement comme nation. C’est le genre de discours qu’on aurait aimé entendre du Parti Québécois dans les 20 dernières années, au lieu des mille et un gadgets sociaux-démocrates et des appels à rejoindre les jeunes et l’environnement.

Le retour à un nationalisme affirmé vient un peu tard, à un moment où beaucoup de Québécois trouvent dans la CAQ le véhicule identitaire apte à apaiser leurs inquiétudes. Face à François Legault, qui entretient une image d’homme modéré, Paul St-Pierre Plamondon risque de passer pour le patriote qui pousse trop loin les revendications identitaires.

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Et pourtant, lorsqu’on regarde les propositions des différents partis, on doit se rendre à l’évidence que sans être parfait, seul le PQ prend vraiment au sérieux le déclin du français et le déraillement de l’enjeu migratoire. Les autres partis ne font qu’aménager plus ou moins correctement notre disparition collective en entretenant une indifférence confortable.

Celui qui réussit à imposer son thème lors d’une élection est aussi celui qui a le plus de chances de monter dans les sondages. Le Parti Québécois peut-il réussir à imposer le thème du français et de l’identité québécoise à l’heure où la plupart des grands médias sont strictement rivés sur l’environnement et le souci d’inclusion? Le combat pour la nation passe aujourd’hui pour une lubie de réactionnaires, tout juste bon à être relégué aux oubliettes dans une nouvelle ère d’ouverture des frontières et de dépassement des «carcans» nationaux.

Le média d’aujourd’hui a un pouvoir immense sur l’imaginaire de la conscience collective. Si un thème ou un parti n’est pas suffisamment médiatisé, il ne pourra jamais rejoindre bien loin l’électorat, quand bien même il prône des idées qui rejoignent les aspirations collectives.

Éviter l’éparpillement

Afin de réussir à imposer le thème du français dans la campagne, le Parti Québécois n’aura pas le choix de marteler cet enjeu régulièrement et d’éviter l’éparpillement. Il devra surtout cesser de chercher à tout prix la respectabilité médiatique et les formules consensuelles. Les solutions au déclin du français existent et doivent être répétées dans la joute politique. Paul St-Pierre Plamondon et son parti peuvent continuer de jouer ce rôle de parti enraciné dans les aspirations les plus fondamentales du Québec.

Photo Chantal Poirier
Photo Chantal Poirier

Philippe Lorange, étudiant à la maîtrise en sociologie – UQAM

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