Un bilan de saison prévisible pour le chevreuil et l’orignal


Julien Cabana
Avant la dernière saison de chasse au chevreuil et à l’orignal, les deux biologistes responsables de ces dossiers au gouvernement avaient mentionné au Journal que selon eux, nous allions vivre une belle saison. Les résultats publiés dernièrement leur ont donné raison.
Lors de son entrevue, la coordonnatrice du dossier chevreuil au ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs, madame Sonia de Bellefeuille, avait expliqué que la population de chevreuils est en très bonne santé au Québec.
Si on regarde les chiffres avec un total de 54 951 bêtes, qui se divise en 35 923 mâles, 14 902 femelles et 4126 veaux, elle ne se trompait pas. Si on ajoute la récolte de chevreuils d’Anticosti, on arrive à un total de 62 042 bêtes récoltées.
« Les résultats de la saison de chasse reflètent le fait que l’hiver 2023 avait été clément. Depuis 2019, nous n’avons pas connu d’hivers rigoureux. C’est ce qui explique en grande partie la bonne santé du cheptel de chevreuils au Québec. Nous en sommes à trois années consécutives avec d’excellents résultats de chasse au niveau provincial. »
Plusieurs personnes croyaient que, comme les dates de chasse étaient plus tardives, la récolte de mâles serait trop imposante.
« Les dates de chasse n’ont pas vraiment été changées comme le pensent plusieurs. L’ouverture de la chasse pour cette période doit se faire le samedi à la date la plus près du 8 novembre. Nous étions à la date la plus tardive l’automne dernier. L’an prochain, la chasse va débuter le 9 novembre. Il n’y a pas eu la récolte trop importante de mâles comme certaines personnes appréhendaient. La saison de chasse à l’arme à feu se déroule avant et pendant le rut. C’est comme cela chaque année. La récolte de cerfs sans bois a aussi été excellente dans plusieurs régions. Globalement, on peut dire que ce fut une excellente année pour les chasseurs. »

DU JAMAIS VU EN 15 ANS
Des récoltes aussi abondantes en 2022-2023 n’ont pas été vues depuis 15 ans. Au total, 138 000 chasseurs se sont procuré un permis pour le chevreuil, à l’exception d’Anticosti, ce qui représente une augmentation de 4 % par rapport à 2022. À l’échelle du Québec, le succès de chasse a été de 37 %, ce qui est supérieur à celui des provinces et des États avoisinants.
« Nous avons vraiment eu une belle récolte. Si on regarde les tendances historiques, nous sommes vraiment chanceux d’avoir d’aussi belles récoltes d’orignaux au Québec », d’expliquer le biologiste Laurent De Vriendt, responsable du dossier au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
Questionné sur les appréhensions de plusieurs chasseurs en ce qui a trait à la population d’orignaux, Il répondait : « il est certain qu’en consultant les chiffres on se rend compte qu’il y a des régions où ça diminue et d’autres où ça augmente. Ça peut varier d’une année à l’autre. Je comprends la réaction des gens parce que très souvent, leur point de référence, c’est l’endroit où ils chassent. Ce sont souvent les mécontents qui se manifestent et non pas ceux qui connaissent du succès. Pour la météo, il est certain que dans les cas de la chasse à l’arc et à l’arbalète, la récolte a été moindre parce que la chaleur a joué un rôle dans certaines zones. L’orignal bouge beaucoup moins. »
LES CHIFFRES
Si on regarde les chiffres, selon les données des animaux enregistrés, plus de 22 600 bêtes ont été prélevées. Ce chiffre se divise en 12 595 mâles, 7339 femelles et 2362 veaux. Il est certain que c’est une baisse par rapport à la dernière permissive en 2021.
« Cette baisse s’explique selon nous par le fait qu’il y a eu des modifications réglementaires pour deux zones populaires. En 2021, dans la zone 2, il y avait eu 2128 femelles prélevées et 443 dans la zone 27. Si on additionne ces chiffres à la récolte que nous avons cet automne, on arrive presque au même nombre. C’est ce qui nous fait dire que la récolte d’orignaux est stable au Québec. »
Il a aussi tenu à préciser que leurs travaux sur la tique d’hiver et ses impacts sont toujours en cours. Si on regarde les chiffres, l’orignal demeure le gros gibier le plus populaire auprès des chasseurs avec 170 500 permis vendus, dont 2504 à des non-résidents. Les zones où le succès de chasse est le plus élevé sont la 1 et la 29, avec des chiffres respectifs de 21 % et 16,6 % par chasseur ou 42 % et 33,2 % pour un groupe de deux chasseurs.
OURS ET DINDONS
La chasse printanière du dindon a attiré un nombre record d’adeptes avec 22 653 permis vendus. Le succès de chasse a été de 31 % pour un premier dindon et 11 % pour la récolte d’un deuxième dindon. Pour l’ensemble du Québec, le succès de chasse à l’automne s’est élevé à 14 %. Les zones où les chasseurs ont connu le plus de succès au printemps sont Chaudière-Appalaches, Estrie, Centre-du-Québec et Outaouais.
Dans le cas de l’ours noir, 4820 spécimens ont été récoltés en 2023. Ce chiffre se divise en 85 % (4120) par la chasse et 15 % (700) par le piégeage. La saison printanière est celle qui est préférée, autant pour les chasseurs que pour les trappeurs, avec 91 % de la récolte totale.