«Frontières»: un autre regard sur la ruralité


Maxime Demers
Pascale Bussières n’a pas réfléchi bien longtemps avant d’accepter de jouer le rôle principal de Frontières, le nouveau suspense psychologique du réalisateur Guy Édoin. En plus de lui offrir la possibilité de retravailler avec ce cinéaste qu’elle affectionne particulièrement, l’actrice a vu, dans ce projet, l’occasion de replonger dans le monde rural, un univers qu’elle avait déjà exploré il y a une douzaine d’années dans le drame Marécages.
Pascale Bussières ne s’en cache pas : il y a beaucoup de ressemblances entre la Marie qu’elle interprétait jadis dans Marécages (premier long métrage d’Édoin) et la Diane qu’elle joue aujourd’hui dans Frontières. Comme Marie, Diane gère une ferme laitière située sur le bord de la frontière américaine. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les deux films ont été tournés au même endroit, soit sur la ferme familiale de Guy Édoin, dans les Cantons-de-l’Est.
« Diane pourrait être une extension de Marie, admet d’entrée de jeu Pascale Bussières, en entrevue au Journal.
« C’était très conscient, on en a même parlé, Guy et moi. Parce qu’on est dans le même environnement physique [que Marécages] et que ç’a été tourné au même endroit. Le fait que ça soit encore une femme qui gère une ferme et qui porte un fusil, on est dans le même écosystème. C’est comme si Guy jetait un regard différent à chaque fois sur cette réalité rurale avec tous ses enjeux, ses écueils, son rapport à la terre et au territoire, mais aussi à la vie et à la mort. »
Accident tragique
L’intrigue de Frontières tourne autour d’un accident tragique qui vient bouleverser la vie de Diane, au point où elle se demande même si sa maison est hantée. Inquiète pour sa santé, ses deux sœurs (Christine Beaulieu et Marilyn Castonguay) et leur mère (Micheline Lanctôt) tentent du mieux qu’elles peuvent de la soutenir dans cette épreuve.
Frontières marque la troisième collaboration entre Pascale Bussières et Guy Édoin, après Marécages (2011) et Ville-Marie (2015). Selon l’actrice, le lien de confiance qui existait déjà entre eux a facilité le travail sur le plateau de tournage.
« Je dirais que ça nous a permis de gagner du temps parce qu’il y a cette relation qui existait déjà, qui pouvait être bonifiée et nous amener plus loin, confie l’actrice de 54 ans. C’est comme si tu as déjà joué un instrument de musique. Tu sais à quel moment tu peux peut-être pousser un peu la note. »
Retour aux sources
Après avoir réalisé deux films urbains – Ville-Marie et Malek –, Guy Édoin sentait le besoin de renouer avec le milieu rural.
« La ferme a évolué, et le territoire a évolué, observe le cinéaste. J’avais le goût de retourner là, mais en même temps, je ne voulais pas me répéter. Je sentais que j’avais encore quelque chose à dire sur la ruralité.
« Très vite, j’ai eu l’idée de mettre en scène cette sororité et ces femmes-là en les incarnant dans cet univers qui est généralement associé aux hommes. J’ai été élevé dans ce milieu-là et des femmes comme celles qu’on voit dans le film, j’en connais et j’en croise au Canadian Tire de mon coin. Plusieurs scènes du film sont inspirées de faits réels. J’ai déjà vu, par exemple, ma mère partir en courant sur le terrain pour sortir un braconnier qui venait de tirer un chevreuil sur nos terres. Et laisse-moi te dire qu’il n’est pas reparti avec son chevreuil ! C’était très important pour moi que ces personnages soient authentiques. »
Si Frontières a été tourné en terrain connu pour Édoin, c’est la première fois, en revanche, que le cinéaste s’aventure à explorer les codes du suspense. Il dit avoir eu beaucoup de plaisir à citer dans son film certains classiques du genre, comme Halloween et The Shining.
« J’aime beaucoup les thrillers, concède-t-il. J’avais vraiment le désir de captiver le spectateur en faisant un film plus grand public, avec de la tension. Et j’avoue que je me suis beaucoup amusé à jouer avec les codes du film de genre, du thriller et même du western. »
Frontières prend l’affiche le 3 mars.