Un autre «effort budgétaire» de 70 millions $ exigé en éducation: des services aux élèves écopent
Des mesures d’aide aux élèves seront suspendues dans certaines écoles


Daphnée Dion-Viens
Le réseau scolaire doit faire un autre «effort budgétaire» de 70 millions $, a appris Le Journal. Québec exige de récupérer des sommes qui avaient été versées dans le cadre du plan de rattrapage annoncé l’an dernier, ce qui force des écoles à suspendre des mesures d’aide aux élèves en difficulté.
Au Centre de services scolaire de Laval, les activités financées par le plan de rattrapage «doivent cesser immédiatement» à moins qu’elles puissent être financées autrement, peut-on lire dans une communication transmise aux directions d’école. Les parents d’élèves concernés devraient en être informés sous peu.
Les dépenses en lien avec le plan de rattrapage – comme du tutorat, du coenseignement ou de la récupération – seront aussi suspendues temporairement au Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI), le temps de réfléchir à d'éventuels moyens pour les garder en place à plus long terme. «D'ici le 19 mars, il est demandé de suspendre les dépenses en lien avec le Plan de rattrapage», indique sa direction générale dans une correspondance interne aussi obtenue par Le Journal. Aucune décision n'a encore été prise à ce sujet, indiquait le CSSPI jeudi en fin de journée.
Un autre effort budgétaire exigé
Une «deuxième annonce d’effort budgétaire» a été transmise aux centres de services scolaires le vendredi 28 février en fin de journée, indique-t-on aussi dans cette missive.
«Cette annonce est plus critique pour notre organisation» que les compressions annoncées en décembre, indique le directeur général du CSSPI, Martin Duquette. Une somme de 3,2 millions $ «entièrement dépensée à ce jour», qui avait été versée pour le plan de rattrapage en 2023-2024, doit être récupérée par Québec, à laquelle s’ajoutent près de 900 000$ pour l’année en cours.
«C’est révoltant, lance Kathleen Legault», présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissements scolaires.
«On demande aux centres de services scolaires de rembourser des sommes qui ont été versées. Comme on a déjà dépensé ces montants, il va falloir regarder où trouver ces sommes ailleurs. Ça va se refléter par des coupes dans des services pour des jeunes qui en ont le plus besoin.»
Dans certains centres de services, les mesures additionnelles liées au plan de rattrapage font doubler l’effort budgétaire réclamé par Québec depuis décembre en éducation (voir plus bas).
De l’argent qui ne devait pas être dépensé
Au cabinet du ministre de l’Éducation, on indique que les centres de services scolaires prévoyaient être en mesure de dépenser seulement 150 des 223 millions $ alloués au plan de rattrapage annoncé au début 2024 à l’issue de la grève des enseignants, selon une reddition de compte effectué par le ministère en septembre.
«C’est donc la différence de 70 millions $ que le ministère souhaite maintenant récupérer» dans un souci de respecter le cadre financier fixé par le gouvernement, affirme le cabinet du ministre Bernard Drainville dans une réponse écrite.
Cette volonté de Québec n’est d’ailleurs pas une surprise puisque les centres de services «en ont été informés en décembre» lors d’une rencontre avec le ministère au moment de l’annonce de compressions de 200 millions $.
De son côté, le directeur général du Centre de services scolaire de Laval, Yves-Michel Volcy, souligne que les sommes liées au plan de rattrapage étaient «temporaires et additionnelles», tout en reconnaissant qu’il est possible que des services aux élèves «soient diminués, voire même arrêtés».
«On savait que cette aide additionnelle n’allait pas durer ad vitam aeternam», a-t-il indiqué en entrevue au Journal.
Nouvel «effort budgétaire» en éducation : quelques exemples
Les centres de services scolaires les plus touchés sont ceux sont les enseignants sont affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), dont la grève a duré environ un mois à la fin décembre 2023, puisqu’ils ont reçu davantage d’argent dans le cadre du plan de rattrapage.
L’impact est moins grand dans les centres de services scolaires dont les enseignants sont affiliés à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), qui ont été en grève pendant quelques jours.
Voici quelques exemples :
Centre de services scolaire de Laval (FAE)
Compressions au budget de fonctionnement (annoncées en décembre) :
5,6 millions $
Sommes récupérées par Québec liées au plan de rattrapage :
5,5 millions $
Centre de services scolaire des Mille-Îles (FAE)
Compressions au budget de fonctionnement (annoncées en décembre) :
4,7 millions $
Sommes récupérées par Québec liées au plan de rattrapage :
4,4 millions $
Centre de services scolaire de la Capitale (FAE)
Compressions au budget de fonctionnement (annoncées en décembre) :
3,7 millions $
Sommes récupérées par Québec liées au plan de rattrapage :
3,3 millions $
Centre de services scolaire des Découvreurs (FSE-CSQ)
Compressions au budget de fonctionnement (annoncées en décembre) :
1,8 millions $
Sommes récupérées par Québec liées au plan de rattrapage :
0,6 millions $
Centre de services des Navigateurs (FSE-CSQ)
Compressions au budget de fonctionnement (annoncées en décembre) :
3 millions $
Sommes récupérées par Québec liées au plan de rattrapage :
0,8 millions $
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