«Mon système nerveux a été atteint»: cet ancien propriétaire de pourvoirie intoxiqué au mercure
Bruno Desrosiers risque de vivre avec les séquelles de sa trop grande consommation de poisson toute sa vie


Éric Yvan Lemay
Un ancien pourvoyeur vit avec des séquelles importantes causées par sa trop grande consommation de poisson pendant des années.
Bruno Desrosiers a reçu un diagnostic d’intoxication chronique au mercure avec une atteinte neurologique sévère. Il craint maintenant de ne plus jamais recouvrer la santé.
«Mon système nerveux central a été atteint. Ça va probablement durer le reste de ma vie», déplore l’homme âgé de 56 ans.
Il souffre notamment de fatigue extrême, de tremblements et de douleurs chroniques.
Comme d’autres pêcheurs qui ont vécu des problèmes de santé, il avait l’habitude de manger du poisson au moins deux fois par semaine.
Ses problèmes ont débuté quelques années après qu’il a réalisé son rêve d’acheter une pourvoirie sur le bord du lac Matchi-Manitou, en Abitibi.

On lui a fait passer un test sanguin après plusieurs consultations médicales. On a vite déterminé qu’il avait un taux de mercure beaucoup trop élevé.
Malheureusement, aucun suivi n’a été effectué. Ce n’est que quelques années plus tard, alors qu’il avait revendu sa pourvoirie et déménagé en Outaouais, qu’il a refait un test de mercure.
Malgré des années à manger moins de poisson, son taux était encore anormalement élevé. Depuis l’an dernier, il est suivi par une médecin spécialiste du CHUM.
«J’aurais aimé connaître les risques avant et qu’on n’attende pas des années pour me prendre en charge», regrette-t-il.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Perte de cheveux
Il n’est pas le seul à rapporter des problèmes de santé. L’ancien propriétaire de la boutique de chasse et pêche Le Coureur des bois, à Mont-Laurier, François Labelle, attribue une partie de la perte de ses cheveux au mercure qu’il a consommé dans la vingtaine.
«Je mangeais quatre repas de dorés par semaine, des gros de 3,5 lb à 5 lb, et je perdais mes cheveux », explique-t-il.

Craignant d’autres problèmes de santé, il se contente aujourd’hui de manger de plus petits dorés et du corégone, un poisson qui contient moins de mercure.
«Personne ne parle de ça [du mercure dans les poissons], mais il faut que le monde soit au courant et [qu’on sache] qu’il faut faire attention», témoigne-t-il.