Féminicides: un ancien homme violent se vide le coeur
TVA Nouvelles
Un homme qui est passé proche de faire un féminicide a décidé de témoigner de son expérience à l'émission Denis Lévesque.
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Maxime Paquet, qui a été condamné pour violence sur son ex-conjointe, raconte que sa relation avec son ancienne copine a commencé à l'adolescence.
«On est tombés amoureux, et on a continué pendant une très longue période à être en couple, mais avec des petits moments de pause», souligne-t-il. «Il y avait des problèmes au travers, il y avait des menteries, mais il y avait des choses qui faisaient en sorte que les petites choses s’accumulaient, et ça devenait de plus en plus dur à gérer et à supporter.»
M. Paquet se rappelle que cela a commencé par de petites chicanes anodines, mais que les querelles sont devenues de plus en plus verbales et violentes.
«Pour moi c’était normal, une femme qui frappe un homme», se désole-t-il. «Un homme qui se fait battre, c’est tabou. On n'en parle pas, on a peur, on a honte, et on n’est pas capable de croire qu’on peut vivre de la violence par une femme, mais ça arrive.»
L'homme explique qu'il a grandi dans une famille violente.
«J’ai souvent dit que mon père faisait subir de la violence à ma mère, alors en faisant le lien avec le temps, j’ai compris que mon père m’avait donné des mauvais exemples et que ça m’a emmené à penser que c’était normal vivre ainsi», dit-il.
Après deux enfants et plus de 10 ans de fréquentation, la relation des deux partenaires battait de l'aile.
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«J’en étais à avoir peur de lui faire très mal et même de la tuer», se rappelle M. Paquet. L'homme n'est cependant pas passé à l'acte après avoir pensé à ses enfants.
«Je me suis dit si je le fais, mes enfants vont perdre leur père, leur mère, et vont vivre avec des séquelles qui vont les accompagner toute leur vie, peut-être même gâcher leurs relations interpersonnelles avec tout le monde autour d’eux.»
Il avoue qu'il avait lui-même peur que la mère de ses enfants le tue dans son sommeil.
«Plus tard, j’ai repris contact avec la mère et elle m’a avoué y avoir déjà pensé. Rendu là, les gars il faut qu’on prenne une décision qui n'est pas facile. Il y a toujours de l’aide, on peut s’en sortir, on peut éviter ce qu’on a vu il y a deux jours et tout au long de l’année», dit-il.
C'est alors que Maxime Paquet a décidé de partir.
«C’est très dur de quitter une vie que tu as essayé de construire pendant des années avec une personne que tu aimais beaucoup. C’est très dur aussi de laisser ses enfants. Après ça, quand j’ai décidé de partir, on ne s’entendait pas toujours bien. Un soir, j’ai pété un plomb et j’ai fini en prison», dit-il.
M. Paquet s'est retrouvé derrière les barreaux après avoir frappé et menacé son ex-conjointe. C'est en prison qu'il a eu accès à quelques programmes d'aide, quoiqu'incomplets.
«Quand je suis sorti de prison, je suis allé en maison de transition et là, j’ai eu de la bonne aide», souligne-t-il. «Et je peux dire qu’il y en a de l’aide pour l’externe et les personnes qui sont en maison de transition. Il y a d’autres programmes aussi dans les CLSC et avec les travailleurs sociaux. On peut avoir de l’aide», souligne-t-il.
«Si tu prends conscience de ton problème, déjà en partant, c’est un gros progrès, mais il faut toujours travailler, c’est à chaque jour», dit-il.
«J’avais honte, ça m’a pris du temps me regarder dans le miroir et me dire que j’étais rendu quelqu’un d’évolué, d’avancé, d’accompli. Je me sentais comme le pire des hommes sur terre.»