Un allié pour Samian
«Ce n’est pas acceptable» – Scott-Pien Picard


Sarah-Émilie Nault
L’auteur-compositeur-interprète innu Scott-Pien Picard appuie le rappeur Samian qui a dénoncé, plus tôt cette semaine, le retrait de sa performance prévue au Festival international de la chanson de Granby (FICG), car il refusait de se plier à une condition du festival : que 80 % de ses chansons soient livrées en français.
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Samian est reconnu pour chanter en français et en algonquin. Son dernier album, Nikamo, a entièrement été écrit en anishinabemowin. Pour lui, il allait donc de soi que si le FICG l’invitait à monter sur scène, c’était pour présenter son spectacle tel quel : livré dans ses deux langues.
« Ça n’a pas de bon sens, ce n’est pas acceptable qu’en 2022 on ne soit pas encore ouvert, explique le chanteur innu Scott-Pien Picard qui a travaillé avec Samian sur PEKUAIAPU, son deuxième album à paraître le 4 mars. Il va toujours y avoir, je pense, des affaires comme cela, mais il faut continuer. En ce moment, si on veut ramener la langue, il faut se battre. »
« Il y a encore beaucoup de chemin et de travail à faire, ajoute l’artiste de 25 ans originaire de la communauté Uashat Mak Maliotenam, à Sept-Îles. Je n’aime pas dire cela, mais quelquefois, le racisme systémique, ça existe encore... Par contre, chez les jeunes, on dirait que c’est moins marqué. J’espère qu’un jour ça va aller mieux. »
Pour le jeune artiste qui considère un peu Samian comme un mentor, le simple fait de chanter dans sa langue se veut une prise de position. Sur la pièce Shash de son nouvel album à venir, il chante avec Samian la douleur des pensionnats autochtones, la force et la fierté de leurs peuples. L’innu s’y marie au français et à l’algonquin.
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Réaction
La direction du Festival international de la chanson de Granby a réagi aux propos de Samian, mardi, par voie de communiqué. « Sachant qu’il y a dans son répertoire des titres en français et des titres dans sa langue première, nous avons indiqué à son représentant notre ouverture pour qu’il puisse interpréter des chansons dans les deux langues, en tenant compte de la mission première du festival qui est de promouvoir la chanson francophone », peut-on lire.
De son côté, le concours Les Francouvertes a annoncé avoir modifié cette année son règlement afin d’accepter les langues autochtones au même titre que le français. Les participants peuvent chanter dans leur langue ou dans un mariage de français et de langue autochtone.