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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Un agresseur en série plaide finalement coupable en plein procès

Au total, neuf femmes avaient porté plainte à la police contre lui à l’époque

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Photo portrait de Valérie Gonthier

Valérie Gonthier

2023-02-12T22:00:00Z
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Visiblement incapable de supporter les témoignages de ses victimes, un délinquant accusé d’avoir agressé sexuellement neuf jeunes femmes a finalement plaidé coupable en plein procès. 

Maxime-Éric Éthier a été arrêté puis accusé en juin 2021. Pas moins de neuf femmes avaient porté plainte contre lui. Une ordonnance de non-publication protège leur identité.

Ce qui avait frappé les autorités, c’était le nombre élevé de similitudes entre les différentes agressions (voir autre texte). 

Le procès de l’accusé s’est ouvert la semaine passée au palais de justice de Longueuil. Deux victimes ont dû raconter, avec de nombreux détails, comment elles s’étaient retrouvées au lit avec lui. 

Mais voilà qu’avant la fin du témoignage de la deuxième victime, Éthier a annoncé qu’il désirait reconnaître ses torts. L’homme de 27 ans a plaidé coupable à six accusations d’agression sexuelle. Détenu depuis son arrestation, il devra rester à l’ombre pour un bon moment encore : il a écopé d’une peine globale de 7 ans et demi. 

Avant qu’il ne renonce à la fin de son procès, une victime avait raconté comment Éthier l’avait embarquée de force dans sa voiture, à la sortie d’un bar sur Le Plateau-Mont-Royal. L’accusé lui était inconnu. 

Il l’avait amenée chez lui. Elle était alors fortement intoxiquée, trop pour repousser l’accusé. 

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« Je me souviens que je suis à moitié déshabillée, toute molle, sur le sol. Je regarde dehors, je suis confuse », a témoigné la jeune femme qui avait 20 ans à l’époque.

La cégépienne avait aussi été contrainte de se faire uriner dans la bouche par l’accusé. Et lorsqu’elle a demandé à partir, Éthier lui avait dit qu’il voulait la « rebaiser » avant. Elle l’a laissé faire, pour que tout se termine le plus vite possible, avait-elle témoigné, émotive. À ce moment, elle ne connaissait toujours pas son identité.

C’est en le croisant par hasard dans un restaurant de Montréal peu après qu’elle a appris son nom : Maxime-Éric Éthier. 

  •  Écoutez la rencontre Gibeault-Dutrizac avec Nicole Gibeault, juge à la retraite au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio : 

Encouragée à dénoncer

Un ami à elle l’a alors pris en photo à son insu. Le portrait a été publié sur les réseaux sociaux, accompagné d’une mise en garde à l’égard du jeune homme. La publication avait été partagée à maintes reprises. Et plusieurs femmes y avaient répondu, avouant avoir elles aussi été agressées par lui. 

Une conversation Messenger avait été créée afin de regrouper les victimes. L’objectif ? S’encourager mutuellement à dénoncer, ce que plusieurs ont ensuite fait. 

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En plaidant coupable, l’accusé a ainsi évité à d’autres victimes de devoir venir détailler des événements traumatisants. 

« Un plaidoyer démontre toujours une amorce de réhabilitation », a commenté le juge du procès, Marc-Antoine Carette

Un modus operandi pour passer à l’acte

Victimes avec des caractéristiques physiques semblables, jeunes, rencontrées dans un contexte de party, intoxiquées, violentées pendant les relations sexuelles. Maxime-Éric Éthier avait un modus operandi pour en arriver à assouvir ses bas instincts. 

Selon les faits racontés lors de son procès, l’accusé s’est toujours montré courtois lorsqu’il approchait ses victimes. Mais lors des relations sexuelles, il devient dominant. Certaines se sont fait mettre au cou un collier métallique avec une laisse.

L’une des victimes avait été abordée par l’accusé en sortant de l’autobus, le soir. Ils ont fini par se rendre chez l’accusé. Si les premiers contacts ont été doux, Éthier est devenu agressif. Il lui a tiré les cheveux, serré le cou, a maintenu sa tête au sol, ce qui lui a causé des blessures.

Violentée

Peu après, alors qu’ils s’étaient revus pour discuter de cette soirée, l’accusé s’est montré compréhensif. Puis, il a tenté de l’embrasser, ce qu’elle a refusé. Contrarié, il l’a poussée sur un véhicule dans une ruelle, l’a frappée et a soulevé sa robe pour ensuite la pénétrer de force.  

Les autres victimes avaient été rencontrées dans un contexte festif, alors qu’alcool et drogue étaient consommés de part et d’autre. Mais la plupart étaient si intoxiquées qu’elles n’étaient plus en mesure de consentir.  

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Une des jeunes femmes a d’ailleurs témoigné au procès avoir consommé volontairement de la MDMA, du cannabis ainsi que de la bière avec l’accusé. Si elle était d’abord consentante à coucher avec lui, elle avait expliqué comment les ébats avaient finalement pris une tournure violente. 

Ecchymoses aux deux yeux, marques au cou, narines ensanglantées ; le passant qui l’a retrouvée confuse et peu vêtue le matin froid du 25 janvier 2019 à l’extérieur de l’immeuble où vivait Éthier avait immédiatement appelé les policiers en constatant son état lamentable. Éthier a finalement plaidé coupable à une accusation de voies de fait concernant cet événement.

Jugement des autres

Une autre victime n’a pas pu dire à l’accusé d’arrêter puisqu’elle était « semi-consciente ». 

« Plusieurs ressentent de la culpabilité parce qu’elles étaient intoxiquées. Elles se disent que si elles n’avaient pas bu, pas consommé, cela ne serait pas arrivé. Elles vivent avec le jugement des autres », a insisté la procureure de la Couronne, Me Suzanne Hébert. 

Par l’entremise de son avocat, Günar Dubé, l’accusé a exprimé ses remords. 

« Je pense que la réflexion a débuté », a-t-il dit.

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