Un agent d’intervention accusé d’abus sexuels sur des adolescentes à Joliette

Marie-Laurence Delainey
Un agent d’intervention travaillant au centre jeunesse de Joliette est accusé d’abus sexuels sur trois adolescentes qu’il avait sous sa garde.
«On nous enlève notre enfant parce qu’on n’est soi-disant pas en mesure de la protéger, mais la DPJ n’a pas été plus capable de la protéger adéquatement», a lancé, en colère, la mère d’une des présumées victimes.
Sa fille, aujourd’hui âgée de 17 ans, est en centre jeunesse depuis quelques années. Cet été, elle aurait été agressée sexuellement par un agent d’intervention du centre.
Mickenson Julmisse fait face à une accusation d’agression sexuelle et d’attouchement sexuel sur l’adolescente.

«C’est un sentiment d’impuissance immense. Ma fille est vulnérable, fragile et sensible», déplore la mère dont on doit taire l’identité pour protéger celle de sa fille.
Entre le 21 juin et le 30 juillet, le père de famille de 36 ans aurait aussi incité deux autres adolescentes du centre, une de 16 ans et l’autre de 17 ans, à se toucher et une à le toucher. Le tout alors qu’il était en situation d’autorité. Il fait face à quatre chefs d’accusation au total.
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière dit l’avoir relevé de ses fonctions dès que le signalement a été fait.
«C’est inventé»
Questionné quant aux accusations auxquelles il fait face à sa résidence de Lanaudière, Mickenson Julmisse a demandé l’avis de sa conjointe avant de nous répondre. Il nous a ensuite invités à entrer et prendre place au salon devant ses deux jeunes enfants. Calmement, il a clamé son innocence. «C’est inventé, c’est inventé», a-t-il répété avant de se taire, souhaitant d’abord parler à son avocate.

Deux agents en tout temps
Cette histoire s’ajoute aux nombreux cas choquants qui ont éclaboussé la DPJ au Québec dans les dernières semaines.
Sans vouloir commenter directement le dossier de Joliette, le Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Lanaudière affirme que le travail d’agent d’intervention était déjà un dossier chaud.
«Ça fait des mois qu’on travaille à revendiquer, demander à l’employeur d’améliorer son fonctionnement avec les agents d’intervention», explique le président du syndicat, Simon Deschênes.

Aussi appelé intervenant spécialisé en pacification et en sécurité (ISPS), l’agent d’intervention doit avoir au minimum un diplôme de secondaire cinq. Il reçoit une formation spécifique une fois embauché. Contrairement aux éducatrices, les ISPS peuvent intervenir physiquement auprès des adolescents qui seraient désorganisés, par exemple. Ils font partie de ceux qui montent la garde la nuit. Les ISPS devraient être accompagnés en tout temps d’un autre employé, martèle le syndicat.
«Être deux [...] ça permet d’avoir un deuxième œil sur ce qui se passe. [...] Ce n’est pas juste pour surveiller les agents d’intervention, c’est même pour leur donner la sécurité, leur donner l’avis d’une situation pour témoigner de ce qui a eu lieu ou de ce qui n’a pas eu lieu. [...] Il faut sécuriser le personnel aussi, qui, lui, voit à sécuriser la clientèle», insiste M. Deschênes.
Facteur aggravant
L’avocat criminaliste Walid Hijazi rappelle que Julmisse est innocent jusqu’à preuve du contraire tout en soulignant l’importance du rôle qu’il jouait auprès des présumées victimes.
«Au départ, les crimes sexuels à l’endroit des mineurs, c’est sévèrement puni lorsque le contrevenant est en situation d’autorité ou de confiance [...] comme le serait un enseignant, un médecin, ou un coach de hockey. [...] C’est un facteur aggravant», explique-t-il.
Le dossier de Julmisse reviendra à la cour le 13 décembre.
- Avec la collaboration d'Érika Aubin, Le Journal de Montréal