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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Un adorateur de Marc Lépine coupable d’avoir fomenté la haine envers les femmes

Il a fomenté la haine envers les femmes à travers ses écrits et ses photos sur son blogue

Jean-Claude Rochefort est un blogueur qui vénérait l’assassin Marc Lépine. Il a été déclaré coupable d’avoir fomenté la haine envers les femmes, lors de son passage au palais de justice de Montréal hier.
Jean-Claude Rochefort est un blogueur qui vénérait l’assassin Marc Lépine. Il a été déclaré coupable d’avoir fomenté la haine envers les femmes, lors de son passage au palais de justice de Montréal hier. Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2022-08-13T00:10:31Z
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Un blogueur antiféministe qui vénérait Marc Lépine n’a pas réussi à convaincre un juge que ses écrits violents n’étaient que des blagues et a été trouvé coupable d’avoir fomenté la haine envers les femmes.

• À lire aussi: «C’était une situation urgente», dit un enquêteur

«Jean-Claude Rochefort fait la glorification de Marc Lépine, qui a assassiné 14 femmes. De plus, il banalise la tragédie de Polytechnique et insulte les 14 victimes. Une partie de ses lecteurs sont des incels, soit [selon lui] des “jeunes hommes frustrés de moins de 25 ans qui ont de la misère avec les filles”», a déploré le juge Pierre Labrie, avant de déclarer le septuagénaire coupable sur toute la ligne.

Rochefort, un Montréalais de 73 ans, risque maintenant jusqu’à deux ans d’incarcération pour ses écrits violents remontant à l’automne 2019. À cette époque se préparaient les commémorations de la triste tuerie du 6 décembre 1989, date à laquelle un tireur avait abattu 14 femmes dans une salle de classe de Polytechnique à Montréal.

Mais pour Rochefort, cette tragédie était plutôt l’occasion de célébrer l’assassin. Ainsi, à partir de septembre 2019, il s’est mis à publier des entrées de blogues antiféministes. II avait été contacté par des groupes d’incels sur internet, leur promettant de publier 66 textes en autant de jours.

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Et la violence de ses écrits, dessins et montages, allait en crescendo.

«Il associe les femmes et les féministes à des sauvages, a indiqué le juge. Le groupe ciblé est présenté comme la source des problèmes actuels dans la société. Il est présenté comme [...] une menace pour les hommes [...], diabolique [...], à la tête d’un complot et comme l’ennemi.»

Professeurs visés

Pire encore, les écrits de Rochefort suggéraient que «la profession de tueur de féministes» devait exister.

«Des textes sont traduits en anglais, a ajouté le magistrat. M. Rochefort a pris le temps de faire des montages d’images. Il voulait rejoindre le plus de lecteurs possible.»

Certains textes visaient d’ailleurs personnellement des professeurs de l’UQAM, dont une qui enseigne en études féministes et en sociologie, et qui était à l’époque responsable de l’organisation des commémorations de Polytechnique à son université.

Des plaintes ont été déposées à la police et, la veille du 6 décembre 2019, Rochefort était arrêté.

Lors de son procès au palais de justice de Montréal, le septuagénaire s’est toutefois défendu d’avoir fomenté la haine. Disant viser les féministes et non les femmes, il a expliqué avoir agi parce qu’il était «fatigué» par les commémorations entourant la tuerie de Polytechnique.

Défense «Tintin»

Il s’était aussi dit «choqué» par les nouvelles lois concernant les droits des femmes et qui sont selon lui des « excès des féministes radicales ».

Mais du même coup, Rochefort avait tenté de convaincre le juge de la Cour supérieure qu’il n’avait aucune intention malveillante. Ses propos, disait-il, ne devaient pas être pris au sérieux, mais plutôt être vus comme «de la satire et de la dérision». 

«Il cite l’exemple d’Hergé qui, selon lui, a créé des personnages drôles et ridicules, a dit le magistrat. Selon M. Rochefort, les aventures de Tintin sont de la satire. Il dépose en preuve deux albums [du célèbre personnage de bande dessinée] pour illustrer son propos.»

Les écueils dans le témoignage de Rochefort n’ont toutefois pas suffi à le faire acquitter. Car au terme d’une analyse exhaustive, le juge a conclu qu’en effet, l’accusé avait volontairement fomenté la haine envers un groupe identifiable, soit les femmes.

«Il faut pénaliser la propagande haineuse», a commenté Me Roxane Laporte de la Couronne, juste après le verdict.

Rochefort, l’air penaud, n’a pas souhaité commenter la décision. Son avocat, Me Rodolphe Bourgeois, a fait de même.

Les plaidoiries sur la peine devraient se tenir au mois d’octobre.

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