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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Un 3e lien entre Québec et Lévis... pour gagner 2 minutes 18 secondes dans le trafic

Le corridor central choisi par la CAQ réduit de moins de 1 km la distance moyenne parcourue par les navetteurs, selon une étude

Alors ministre des Transports, Geneviève Guilbault
avait présenté le corridor retenu pour le 3e lien
le 12 juin dernier.
Alors ministre des Transports, Geneviève Guilbault avait présenté le corridor retenu pour le 3e lien le 12 juin dernier. Photo d'Archives, STEVENS LEBLANC
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Stéphanie Martin

2025-06-13T19:40:00Z
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Dans le meilleur scénario, l’ajout d’un troisième lien dans le corridor choisi par la CAQ permettrait de faire économiser en moyenne à peine 2 minutes 18 secondes aux automobilistes qui traversent le fleuve entre Lévis et Québec, selon une étude scientifique.

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L’étude réalisée dans le cadre du doctorat de Sara Gharavi et supervisée par les professeurs Jean Dubé, de l’Université Laval, et Francesco Ciari, de Polytechnique Montréal, doit être publiée sous peu dans la Revue canadienne des sciences régionales.

C’est une coïncidence qu’elle soit prête au moment où la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a dévoilé le nouveau corridor du troisième lien, entre le chemin des Îles et Lebourgneuf, que les chercheurs ont justement étudié.

Leurs conclusions révèlent que, contrairement à la prétention de la ministre, qui affirmait jeudi que c’était une «évidence» que les automobilistes gagneraient du temps dans le trafic entre les deux rives, le mégapont-tunnel ne changerait «pas grand-chose» à la situation actuelle, souligne Jean Dubé.

Ils se sont basés, pour ce faire, sur des modélisations qui simulent la situation actuelle des déplacements entre Québec et Lévis, à laquelle on ajoute un nouveau lien et où on observe les changements dans les patrons de circulation. Les données utilisées proviennent de l’enquête origine-destination de 2017 et du recensement.

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Moins de 1 kilomètre épargné

Le corridor central réduit de moins de 1 km la distance parcourue par les navetteurs en moyenne, ce qui permet un gain de temps de 2 minutes 18 secondes.

Deux autres corridors ont été analysés, entre les deux centres-villes et à la pointe de l’île d’Orléans, avec un résultat similaire. «En moyenne, l’ajout de la nouvelle infrastructure devrait engendrer un gain de temps de deux minutes et demie pour ceux qui traversent le fleuve», soutient Jean Dubé.

«Dépendamment d’où ils vont, ce qui est sauvé sur la Rive-Sud est repayé sur la Rive-Nord», explique-t-il. En effet, le troisième lien déverserait les véhicules dans Lebourgneuf, alors que deux pôles d’emploi majeurs se situent à la tête des ponts et sur la colline Parlementaire.

De plus, un troisième lien routier dans le corridor central n’aurait que peu d’effet sur le transfert vers d’autres modes de transport, selon les spécialistes. «Les gens continueraient d’utiliser leur voiture», commente M. Dubé.

Rappelons que 7,2% des déplacements quotidiens dans la région métropolitaine traversent le fleuve.

Ces gains minimes, qui représentent le scénario «le plus positif», pourraient être sapés par la croissance de la population et l’étalement urbain, souligne le professeur.

La réduction de la distance parcourue amènerait des économies de 39,4 millions $ par année, pour le tracé central, calculent les chercheurs. C’est le scénario de corridor central qui «montre les résultats les moins importants en termes de réduction des coûts de transport».

Pas rentable

«Les coûts épargnés ne sont certainement pas suffisants pour assurer la rentabilité du projet. L’évaluation des bénéfices demeure relativement marginale par rapport aux coûts de construction estimés, qui se chiffrent, si on en croit les médias, entre 6,5 et 10 G$», cite l’étude.

Des économies qui risquent d’être aspirées en grande partie par les coûts d’entretien, prévoit M. Dubé. «Au final, pour amortir ton coût de construction, ça va te prendre plusieurs décennies, voire siècles.»

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