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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Ukraine: Zelensky accuse la Russie de violer le cessez-le-feu qu'elle a annoncé

AFP
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2025-04-19T19:46:12Z
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé, samedi, la Russie de violer le cessez-le-feu que Vladimir Poutine venait d'annoncer pour Pâques et que l'Ukraine s'est engagée à respecter, ce qui constituerait la pause la plus significative dans les combats en trois années de conflit.

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«Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd'hui, de 18h00 (11h00, heure de Montréal, NDLR) à minuit entre dimanche et lundi (17h00, heure de Montréal, dimanche). Je donne l'ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période», a déclaré le chef de l'État russe au cours d'une réunion avec des militaires retransmise à la télévision russe.

«Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple», a-t-il ajouté, tout en demandant aux forces russes de se tenir prêtes à une «réponse immédiate et complète» en cas de «violations de la trêve» ou de «toute action agressive» de la part du camp adverse.

En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que «des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front», tandis qu'une alerte antiaérienne a retenti à Kyïv.

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«Menace de missiles pour la région» de la capitale, a averti l'armée de l'air ukrainienne.

Raids aériens, accusent les Ukrainiens

Le gouverneur de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a pour sa part fait état au même moment d'attaques de drones russes.

«Vers 18h00», une attaque de huit drones russes a mis le feu à des appartements dans une tour d'habitation et, plus tard dans la soirée, trois drones ont frappé deux villages, a raconté Oleksandre Prokoudine, tandis que l'armée de l'air ukrainienne déclenchait des alertes aux raids aériens dans plusieurs régions de l'est.

Malgré tout, «si la Russie est prête à vraiment s'engager, l'Ukraine fera de même - ses actions reflétant celles de la Russie», a de son côté écrit le président ukrainien, proposant d'«étendre le cessez-de-feu au-delà du 20 avril».

Il s'est dans le même temps montré très circonspect quant aux engagements pris par les dirigeants russes, lançant: «Nous n'avons aucune confiance dans les paroles qui viennent de Moscou (...). Nous savons trop bien leur capacité à manipuler et nous restons prêts. Les forces de défense ukrainiennes répondront à toute attaque».

«Poutine vient de faire des déclarations sur sa prétendue disposition à un cessez-le-feu. Nous savons que ses paroles ne sont pas dignes de confiance et nous examinerons les actes, pas les paroles», avait auparavant mis en garde le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriy Sybiga.

«Diabolique»

Interrogés par l'AFP, des soldats ukrainiens ont également exprimé leur extrême méfiance face aux Russes.

«Il est impossible de croire à un quelconque cessez-le-feu de la part de ces gens», a ainsi lancé Dmitri, un militaire de 40 ans qui profitait d'une pause au soleil à Kramatorsk, dans l'est.

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«Je pense que cet homme (Poutine) est diabolique, un meurtrier, mais il peut le faire. Il pourrait le faire pour donner un peu d'espoir ou pour montrer son humanité. Quoi qu'il en soit, bien sûr, nous n'avons pas confiance. Ces 30 heures ne mèneront à rien», a-t-il martelé, avant de conclure qu'«il est certain que les massacres de notre peuple et du leur continueront».

La fête de Pâques, l'une des plus importantes du calendrier chrétien, qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes.

Des tentatives d'instaurer un cessez-le-feu à cette occasion en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.

En avril 2022, une première initiative en ce sens, prise par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, ne s'était pas concrétisée du fait du refus de la Russie, qui avait jugé que l'armée ukrainienne aurait pu en profiter pour se regrouper et de se réarmer.

L'année suivante, en janvier 2023, le patriarche de l'Église orthodoxe russe Kirill avait exhorté les deux belligérants à interrompre les hostilités pour Pâques et la Russie avait décrété un cessez-le-feu de 36 heures. Celui-ci avait néanmoins été qualifié de «piège» par l'Ukraine et les affrontements avaient continué.

La région de Koursk pratiquement reconquise

La trêve ordonnée samedi par M. Poutine intervient alors que les efforts de l'administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine paraissent dans l'impasse ces derniers jours.

Le président américain a en conséquence menacé vendredi de se retirer des négociations faute de progrès rapides dans les discussions séparées que ses lieutenants ont depuis plusieurs semaines avec Kyïv et avec Moscou.

Le même jour, le Kremlin avait dit considérer que le moratoire sur les frappes contre les sites énergétiques, annoncé en mars pour 30 jours, mais dont la mise en œuvre restait floue, avait «expiré». La Russie et l'Ukraine s'accusaient de surcroît presque quotidiennement de le violer.

Donald Trump avait initialement proposé un cessez-le-feu inconditionnel et complet, dont le principe avait été accepté par Kyïv sous la pression de Washington, mais écarté par Vladimir Poutine.

La Russie a par ailleurs revendiqué samedi avoir «libéré» la quasi-totalité - «99,5 %» -, de la région russe de Koursk, cible en août 2024 d'une offensive surprise des forces ukrainiennes.

Une telle progression replacerait à nouveau en totalité le front sur le sol ukrainien.

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