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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Ukraine: une vingtaine de civils sortent de l’usine Azovstal à Marioupol

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2022-05-01T00:51:44Z
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Une vingtaine de civils ont enfin pu sortir samedi de l’aciérie Azovstal à Marioupol, port du sud-est de l’Ukraine, ce qui pourrait être l’amorce d’une évacuation plus importante du dernier réduit ukrainien dans cette ville tenue par les Russes. 

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En début de soirée, le régiment Azov, qui défend l’immense complexe Azovstal, a annoncé que vingt civils, dont des femmes et des enfants, avaient pu sortir de cette usine où les conditions de vie sont dramatiques depuis des semaines.

«Ils ont été transférés vers un endroit convenu et nous espérons qu’ils seront évacués vers Zaporijjia, sur le territoire contrôlé par l’Ukraine», a déclaré Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov, dans une vidéo diffusée sur Telegram. 

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Aucune tentative d’évacuer Azovstal, ultime réduit contrôlé par les forces ukrainiennes à Marioupol, n’a réussi jusqu’à présent.

Les combattants du régiment continuaient de déblayer les décombres après des bombardements nourris du site la veille et dans la nuit, pour en faire sortir d’autres civils.

«Nous espérons que ce processus se poursuivra et que nous réussirons à évacuer tous les civils», a ajouté le commandant Palamar. 

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Quelques heures plus tôt, l’agence officielle russe Tass avait annoncé qu’un groupe de 25 civils, dont six enfants, avait pu sortir d’Azovstal, complexe métallurgique où sont bloqués des centaines de militaires et de civils ukrainiens, retranchés dans des galeries souterraines datant de l’époque soviétique.

«De nombreux dirigeants essaient de contribuer à sauver nos héroïques défenseurs de la ville. Nous en avons discuté en détail avec le secrétaire général des Nations unies lors de sa visite à Kyïv. Nous faisons tout pour que la mission d’évacuation de Marioupol soit menée à bien», a dit M. Zelensky dans une vidéo, samedi soir. 

«Dépravation»

Plus au nord, ce sont les corps de trois hommes qui ont été retrouvés, vendredi, dans une fosse commune de Myrotske, un village proche de Boutcha, petite ville devenue le symbole des atrocités imputées à la Russie.

Les trois hommes «avaient les mains liées, des vêtements autour du visage pour qu’ils ne voient rien et certains avaient des bâillons dans la bouche», a décrit, dans un communiqué publié samedi, le chef de la police de la région de Kyïv, Andriï Nebytov. «Les victimes ont été torturées pendant longtemps [...] Finalement, chacun d’eux a reçu une balle dans la tempe», a-t-il ajouté.

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Des habitants de Boutcha, occupée en mars par les forces russes, avaient raconté à l’AFP, cette semaine, les prisonniers à genoux aux mains liées derrière le dos, les exécutions sommaires et les mares de sang dans les maisons.

Ceux qui ont vu «s’en souviendront pour des centaines d’années», avait dit Viktor Chatylo, un habitant de la rue Iablounska, dans laquelle l’AFP avait constaté, le 2 avril, la présence d’une vingtaine de cadavres de civils après le départ des forces russes.

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Vendredi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a chiffré à 900, dans un entretien avec la presse polonaise, le nombre de corps découverts dans la zone de Boutcha. Les soldats russes ayant brûlé et enterré des corps, «personne ne sait combien de gens ont péri», a-t-il ajouté.

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Le parquet ukrainien a d’ores et déjà annoncé l’inculpation de dix soldats russes et le recensement de plus de 8000 crimes de guerre en Ukraine, et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui s’est rendu à Boutcha jeudi, a exhorté Moscou à coopérer avec l’enquête de la Cour pénale internationale.

Mais Moscou a nié toute responsabilité et a parlé d’une «mise en scène». L’armée russe a été jusqu’à frapper Kyïv alors que M. Guterres s’y trouvait, tuant une journaliste et déclenchant un concert de protestations internationales.

Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, s’est publiquement interrogé vendredi sur la «dépravation» du président russe, Vladimir Poutine, avouant qu’il était «difficile de regarder certaines images» d’atrocités commises sur les civils ukrainiens.

Le président français, Emmanuel Macron, a quant à lui fait savoir, après un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien, que se poursuivrait sur place «la mission d’experts français contribuant au recueil de preuves pour [...] permettre le travail de la justice internationale relatif aux crimes commis dans le cadre de l’agression russe». 

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Il a ajouté que la France allait «renforcer» ses envois de matériel militaire à l’Ukraine — notamment des canons longue portée — pour «rétablir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine».

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Odessa touchée, Kharkiv pilonnée

Dans le sud du pays, l’aéroport d’Odessa a été frappé par des tirs de missile.

«L’ennemi a frappé depuis la Crimée par un système de missile de défense côtière Bastion. La piste de l’aéroport d’Odessa a été détruite», a déclaré le gouverneur Maxim Martchenko dans une vidéo publiée sur son compte Telegram.

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI

Odessa, grande ville portuaire de la mer Noire d’un million d’habitants, au poids symbolique et historique majeur, a été relativement épargnée par les combats jusqu'ici.

Elle se trouve dans la bande côtière que la Russie pourrait envisager de conquérir pour en faire la jonction à l’ouest avec l’enclave séparatiste prorusse de Transnistrie, en Moldavie, où elle dispose de troupes.

Après avoir mis en échec l’armée russe dans son offensive lancée sur Kyïv le 24 février, les forces ukrainiennes peinent désormais à contenir la poussée dans l’est du pays d’une armée en supériorité numérique et pour l’instant mieux équipée, qui cherche à les prendre en étau depuis le nord et le sud.

Volodymyr Zelensky a notamment reconnu, vendredi soir, que la situation dans la région de Kharkiv, deuxième ville du pays près de la frontière russe, était «difficile».

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De violentes explosions ont été entendues dans la nuit de vendredi à samedi dans la ville, pilonnée depuis des semaines par l’artillerie russe. Les bombardements avaient fait un mort et plusieurs blessés vendredi.

«Si c’était une guerre d’infanterie contre infanterie, on aurait des chances. Mais dans ce secteur, c’est d’abord une guerre d’artillerie et on n’en a pas assez», a dit à l’AFP «Viking», un sergent-chef de 27 ans qui s’est replié de Kreminna, ville de l’est prise par les Russes le 18 avril.

Succès «tactiques»

Tous les objectifs de l’«opération militaire spéciale» — le terme utilisé par le Kremlin pour cette guerre — «seront atteints en dépit de l’obstruction de nos adversaires», a affirmé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans un entretien avec l’agence de presse Chine nouvelle publié samedi.

L’armée ukrainienne réussit cependant à remporter des succès «tactiques», a souligné M. Zelensky, comme à Rouska Lozova, un village repris au nord de Kharkiv, d’où les forces russes pilonnaient la ville. Plus de 600 habitants ont été évacués du village, occupé depuis deux mois, selon le ministère ukrainien de la Défense.

L’Ukraine a également frappé des objectifs stratégiques en territoire russe.

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Le gouverneur de la région russe de Briansk, au nord-est de l’Ukraine, Alexandre Bogomaz, a ainsi annoncé, sur Telegram, que la défense aérienne avait «détecté un avion des forces armées ukrainiennes» samedi matin et que deux obus avaient endommagé des installations pétrolières. 

Plusieurs réserves de carburant en territoire russe ont été la cible d’intrusions apparentes des forces ukrainiennes ces dernières semaines, même si Kyïv refuse de confirmer son implication.

Dans les régions de Donetsk et de Lougansk, dans l’est de l’Ukraine, 14 attaques lancées par les forces russes ont aussi été repoussées au cours des 24 dernières heures, a affirmé samedi l’état-major des forces ukrainiennes.

Un haut responsable du Pentagone a relevé vendredi que si les forces russes étaient «loin d’avoir fait la jonction» des troupes entrées par la région de Kharkiv, au nord du Donbass, avec celles venues du sud du pays pour prendre en tenaille les forces ukrainiennes déployées sur la ligne de front, elles continuaient «de créer les conditions d’une offensive soutenue, plus vaste et plus longue».

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Côté diplomatique, le président Zelensky a rencontré le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, à Kyïv samedi. Membre de l’OTAN et alliée de l’Ukraine, la Turquie s’efforce de faciliter une médiation entre Moscou et Kyïv depuis le début de la guerre. La teneur des discussions n’a pas été révélée.

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