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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Ukraine : une famille pleure ses trois enfants tués dans des frappes russes

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2025-05-28T16:06:46Z
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Sur trois tables, trois cercueils blancs ouverts laissent apparaître trois enfants au teint cireux: la ville ukrainienne de Korostychiv pleure une fratrie décimée par un missile russe. 

Malgré le maquillage, des traces rouges témoignent sur leurs visages de la violence de l'attaque qui a coûté la vie à Roman, 17 ans, Tamara, presque 12 ans, et Stanislav, 8 ans, tous membres de la famille Martyniouk.

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La Russie, qui pilonne les villes ukrainiennes depuis le début de son invasion en février 2022, a lancé entre vendredi et lundi des frappes massives de drones et missiles sur l'Ukraine, pendant trois nuits d'affilée.

Dans la nuit de samedi à dimanche, au moins 13 civils ukrainiens sont morts dans ces attaques, dont trois des cinq enfants Martyniouk, tués par un missile de croisière.

L'invasion russe a fait des dizaines de milliers de morts - militaires et civils - en Ukraine. Au moins 630 enfants ont été tués, selon le dernier bilan officiel.

La mort des jeunes Martyniouk a profondément secoué Korostychiv, une ville d'environ 20 000 habitants située dans le centre du pays, à des centaines de kilomètres du front.

«C'est quelque chose que nous n'avons jamais connu depuis le début de l'invasion à grande échelle», glisse aux journalistes Iouriï Denysovets, le secrétaire du conseil municipal.

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«Personne n'a répondu»

Devant la maison des associations de Korostychiv, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Kiev, la foule s'amasse, des œillets rouges à la main pour accueillir les dépouilles.

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Des centaines de personnes se tiennent debout en silence, tête baissée alors que résonnent les cloches de la cité et le chant des religieux.

«Nous sommes réunis autour de Roman, Tamara et Stanislav, tués par un missile russe», déclame le prêtre avant de plonger la salle dans un nuage d'encens. Une femme sort du hall, une main sur la poitrine, secouant la tête.

Les parents de la famille ont eux aussi été blessés durant cette nuit. La mère est toujours à l'hôpital.

Le visage marqué de blessures, les yeux au beurre noir rivés sur les trois jeunes corps, le père, Igor Martyniouk, ne peux pas retenir ses larmes.

La flamme d'une petite bougie vacille au rythme des tremblements de ses mains alors que ses proches, dont son fils aîné, tentent de le consoler.

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«C'est une famille très gentille, très calme, qui a toujours été en bons termes avec ses voisins et amis», assure M. Denysovets.

Selon lui, la mère est encore dans un état grave, mais a été opérée et devrait «se remettre complètement». Quant aux deux frères aînés, ils ne vivaient plus au domicile familial et, «Dieu merci», sont sains et saufs.

C'est le cas d'Oleksandre Martyniouk, 24 ans, présent à l'enterrement. Le matin de l'attaque, il a reçu un appel d'un ami disant que le quartier où vivait sa famille avait été touché.

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Puis il a appelé ses parents, puis ses frères et sa soeur, un à un, mais «personne n'a répondu».

«Mon oncle m'a dit que notre maison avait été touchée, que mon père et ma mère sont en soins intensifs, et que les enfants sont morts», se souvient Oleksandre auprès de l'AFP, le regard perdu.

Dernière sonnerie

Devant les cercueils, garnis de peluches et de jouets, les proches défilent pour déposer des fleurs, les mains sur les visages et les yeux larmoyants.

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Puis une jeune fille fait sonner une cloche de sa main.

«Aujourd'hui, la dernière sonnerie de l'année scolaire retentit littéralement pour Tamara, Stas et Roman», clame Pavlo Pozniakov, le directeur de l'établissement où étudiaient les enfants, avant que leurs corps ne soient emportés au cimetière.

«Nous disons adieu à une partie de l'avenir radieux de l'Ukraine», dit-il.

Dans le cimetière, le gazouillement des oiseaux se mêle aux complaintes de religieuses, qui chantent et pleurent à la fois.

Igor, le père, en pleurs, détourne le regard au moment de la mise en terre des cercueils, cherchant une main à serrer. «Ils ne sont plus», lâche-t-il, secoué de sanglots en s'éloignant de la sépulture familiale.

Oleksandre, le frère qui avait l'habitude de leur «acheter des friandises» quand il passait les voir, désire que la guerre «s'arrête au plus vite, et qu'il n'y ait plus de victimes innocentes».

En attendant, il compte rester auprès de ses parents «aussi longtemps que nécessaire». «Ma mère est à l'hôpital, en rééducation, et je ferai tout ce que je peux pour prendre soin d'elle.»

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