Twitter passe aux mains d'Elon Musk: le risque d’un jouet pour milliardaire


Jean-Michel Genois Gagnon
Le possible achat de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards $ US inquiète des experts au Québec, qui craignent que la plateforme ne devienne un jouet pour milliardaire, ce qui pourrait éventuellement nuire à la démocratie.
«Ça fait longtemps qu’il a des opinions sur quoi dire, ne pas dire, et ce qui est acceptable comme prise de parole sur les médias sociaux. Lui-même a eu des prises de parole très controversées», a indiqué au Journal Yan Cimon, professeur titulaire au département de management de l’Université Laval.
Selon le chroniqueur techno François Charron, il y a également des risques de dérapage en permettant éventuellement davantage aux utilisateurs de donner leur opinion, et ce, sans filtre de vérification.
«Il y a vraiment une pièce de théâtre fort divertissante qui va commencer, mais moi, elle me fait peur», a-t-il dit sur QUB radio. «Elle me fait peur, parce que l’objectif est d’en faire [...] le lieu de débat du futur de l’humanité.»
Plusieurs problèmes
Ces dernières années, M. Musk a fait les manchettes à plusieurs reprises en lien avec certains de ses comportements, notamment lorsqu’il avait fumé du cannabis et bu du whisky, en 2018, lors d’une entrevue.
La même année, il avait annoncé, dans un tweet, qu’il souhaitait retirer Tesla de la Bourse, ce qui a eu des impacts sur le titre. Il a dû payer 20 M$ d’amende auprès du gendarme américain de la Bourse, la Securities and Exchange Commission (SEC). Tesla a dû verser le même montant.
«Cet achat est significatif parce que ce n’est pas comme la famille qui possède le New York Times, qui a toujours été garante d’objectivité et d’avoir un produit d’information de qualité. Là, on parle de l’une des plateformes les plus importantes au monde qui va être privée», a avancé le professeur Yan Cimon.
Ce dernier estime que les États-Unis devront se questionner concernant l’encadrement à donner à la plateforme Twitter.
«Le danger de dérapage est grand dans l’état actuel», croit M. Cimon. «Le danger, c’est que cela devienne un jouet», a-t-il ajouté.
Le milliardaire avec quelque 83 millions d’abonnés ne s’est également pas privé, ces dernières années, de prendre position sur la place publique sur différents enjeux ou de viser des compagnies. Il reste maintenant à savoir s’il se gardera davantage une gêne s’il devient le grand patron.
Sur Twitter, il a récemment défié Vladimir Poutine en duel ou comparé le premier ministre Justin Trudeau à Adolf Hitler.
«S’il choisit de payer une prime pour acquérir Twitter, c’est qu’il croit qu’il a une façon de valoriser la plateforme et qu’il est le mieux placé pour le faire», a souligné M. Cimon. «C’est clair qu’en acquérant Twitter, c’est beaucoup plus efficace que de démarrer un autre média social», a-t-il poursuivi.
L’homme le plus riche au monde, dont la fortune est estimée à près de 270 milliards $ US, a déjà annoncé, ces dernières semaines, qu'il voulait apporter des changements à la formule de Twitter.
Au 31 décembre, selon des documents de la SEC, la Caisse de dépôt et placement du Québec détenait 225 800 actions dans Twitter. Cette transaction pourrait lui rapporter plus de 12,2 millions $ US.