Tunnel Louis-H.-La Fontaine: «Ça va être corsé», prévient la ministre Guilbault


Marc-André Gagnon
Les quelque 120 000 habitués du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine peuvent s’attendre à une situation «extrêmement corsée» avec la fermeture, à compter de lundi prochain, de trois voies sur six jusqu’en 2025, prévient la nouvelle ministre des Transports, Geneviève Guilbault.
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Depuis son arrivée aux commandes du ministère des Transports, jeudi dernier, l’agenda de la vice-première ministre a été monopolisé en bonne partie par le mégachantier à venir dans le tunnel reliant l’île de Montréal à la Rive-Sud.
«Ça fait quatre-cinq jours que je suis ministre des Transports et [de] la mobilité durable? Je dirais que j’ai passé au moins 50% de mon temps, presque jour et nuit sur ce dossier-là, de la fermeture du tunnel», a raconté la ministre Guilbault, en entrevue à l’émission Là-haut sur la colline, sur QUB radio.
Pour la ministre, le mot-clé est «plan B». Selon elle, il appartient surtout aux usagers du tunnel et à leurs employeurs de réfléchir à une solution de rechange avant le début des travaux, lundi prochain.
«On ne s’en sortira pas, la situation elle va être extrêmement corsée et il n’y a aucun miracle qu’on puisse faire malheureusement», a répété Mme Guilbault, mardi.
Télétravail
Avec seulement une voie ouverte vers la Rive-Sud et deux en direction de Montréal – donc trois voies sur six, pendant trois ans – la congestion routière apparaît donc inévitable.
«Il n’y a pas d’autre façon [de faire sa part] qu’en diminuant le nombre de voitures qui vont passer sur le tunnel», considère la ministre.
Si un ensemble de mesures incitatives sont proposées par le gouvernement et ses partenaires, comme des navettes en partance de cinq stationnements incitatifs à Sainte-Julie, Boucherville et Belœil, notamment, outre le transport en commun, le télétravail demeure une solution à privilégier, suggère Mme Guilbault.
«Ce n’est pas au gouvernement nécessairement à dicter aux entrepreneurs, aux employeurs comment gérer leurs entreprises... Ce n’est pas ça l’idée, mais je me mets à la place d’un gestionnaire d’entreprise: si de toute façon, tes employés sont pris dans le trafic à la semaine longue, ce n’est pas mieux non plus», a-t-elle observé.
Une voie express sera aussi mise en place afin d’encourager le covoiturage à trois et plus et de faciliter la circulation des autobus et des taxis. Des titres de transport gratuits sont également offerts jusqu’au 27 novembre à la station de métro Radisson.
Défi de communication
«Tout le monde doit modifier ses habitudes de vie, ses habitudes de transports, ses déplacements et idéalement, renoncer à la voiture, surtout la voiture solo, pour prendre le transport collectif.»
Somme toute, Mme Guilbault reconnaît que ce mégachantier représente «tout un défi de communication» pour le gouvernement. Une vigie sera mise en place dès lundi afin de suivre la situation.
Contrairement à ce que la responsable du transport et de la mobilité de la Ville de Montréal, Sophie Mauzerolle, reproche au gouvernement, Mme Guilbault assure que l’administration Plante était prévenue depuis longtemps des travaux à venir.
«Les travaux dans le tunnel, on en parle depuis 2017. Juste pour vous donner une idée, ça fait 5 ans. [...] On savait déjà que [le début des travaux] ce serait fin octobre, début novembre», s’est défendue Mme Guilbault.
QS propose une loi
Pour Québec solidaire, la communication avec la population devra être améliorée dans le dossier du pont-tunnel Louis-H.-Lafontaine. «C’est certain qu’en matière de communications, ça ne gagnera pas de prix à la fin de l’année», lance le député solidaire Alexandre Leduc.
Sans vouloir prêter d’intentions, le député d’Hochelaga-Maisonneuve souligne que les récentes élections ont peut-être retardé le travail des élus caquistes pour informer la population. «Je m’attends à un niveau de jeu plus élevé de la part de Mme Guilbault et de M. Fitzgibbon pour la métropole», dit-il.
Le gouvernement devra être «réactif» et s’adapter au fur et à mesure de l’évolution de la situation, souligne-t-il.
Outre la bonification du transport collectif, QS propose d’adopter une loi qui fera du télétravail un droit pour l’employé, plutôt qu’un privilège accordé par l’employeur.
Dans les domaines où c’est possible, les employés pourraient ainsi choisir de travailler de la maison jusqu’à 50% du temps. La CNESSST serait chargée de trancher en cas de litige.
«Ça fait partie des solutions concrètes [pour désengorger les routes], mais pour l’instant il n’y a absolument rien qui permet à un employé d’exiger de faire un peu de télétravail», souligne M. Leduc. -Avec la collaboration de Patrick Bellerose
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