Tuerie à New York: l’ETC, ce mal invisible qui pourrait expliquer le comportement du suspect

Samuel Roberge
Il est tout à fait possible que l’auteur de la tuerie à New York, lundi soir, ait souffert d'encéphalopathie traumatique chronique (ETC) – une maladie qui altère le contrôle de soi –, comme il en a fait mention dans sa note de suicide retrouvée sur son corps, selon un spécialiste en neurologie.
«C'est une maladie qui se déclare de nombreuses années après des traumatismes crâniens répétés, ce que l'on observe particulièrement chez les athlètes pratiquant des sports de contact, notamment le football américain», explique le docteur Julien Cavanagh, professeur assistant en neurologie à l’Université Emory d’Atlanta, en entrevue sur les ondes de LCN, mardi.
D’après les informations fournies par les autorités, Shane Tamura, le tireur de 27 ans, était un ancien joueur de football ayant évolué au niveau collégial. Il aurait tenté de viser les bureaux de la NFL, mais se serait trompé d’ascenseur dans le gratte-ciel où il a tué quatre personnes, dont un policier, lundi soir.

Compte tenu des éléments actuellement disponibles, il est donc «possible» que le jeune homme ait été atteint de l’ETC, affirme le Dr Cavanagh.
Cette maladie peut «causer des anomalies du cerveau qui se manifestent d'abord par des pertes de mémoire, des troubles mentaux comme la dépression ou l’anxiété, puis qui peut évoluer vers des difficultés à contrôler ses impulsions, et éventuellement vers une démence sévère», précise-t-il.
Cependant, seul un examen post-mortem peut confirmer un tel diagnostic. M. Tamura a d’ailleurs expressément demandé, dans sa lettre, qu'une autopsie soit pratiquée afin d'établir un diagnostic définitif.

Ce sont les lobes frontaux, «les parties qui nous empêchent de dire tout ce qu’on pense» et «qui nous retiennent de devenir agressif», qui sont «abîmés» par l’ETC.
«On peut voir apparaître des comportements violents, car les mécanismes de freinage sont complètement altérés. C’est ce qui explique ces réactions anormales et agressives chez les patients atteints de cette maladie», ajoute le neurologue.
Le Dr Cavanagh rappelle par ailleurs le cas tristement célèbre du joueur de football Aaron Hernandez, diagnostiqué atteint de l’ETC après s’être suicidé en prison. M. Hernandez avait auparavant été reconnu coupable de meurtre.